Avant de commencer je voudrais juste expliquer l’absence du blog de novembre 2014.
Ce blog nécessite au moins 2 mois de boulot (1 mois et demi pour le rédiger toujours entre 2 patients et 15 jours pour le mettre en ligne avec les photos sans parler des gentilles discussions avec mon webmaster).
Début janvier, j’avais presque fini quand sont survenus les évènements, (pour ceux qui ont oublié, je veux parler des crimes des terroristes français à Paris) et ça m’a coupé les ailes. Ce blog que je veux un reportage joyeux de nos virées universitaires à New York soudain n’était plus dans le ton. On n’avait plus le moral, on n’avait pas vraiment peur ou alors pour les autres, mais je sentais bien que j’aurais été hors sujet de le mettre en ligne. Je l’ai fini le fameux vendredi de la prise d’otage de l’HyperCacher. Quelques heures avant, ma belle-fille qui a son centre de soins (Rothschild) juste à côté du supermarché avait dit à son mari — mon fils — alors qu’ils étaient en route pour aller y faire leurs courses « j’ai pas envie, j’ai mal à la tête, rentrons ». Imaginez notre émotion. Imaginez aussi l’ambiance dans la famille propriétaire du supermarché dont je connais un des membres depuis près de 40 ans et qui habite notre quartier. Sans parler de toutes les connexions que tout le monde s’est découvert après avec les victimes. Sans parler du drame dont on ne savait pas grand-chose ce vendredi-là. De la situation de quasi couvre-feu avec chasseurs alpins devant toutes les lieux de cultes ce soir-là. De ces casseurs qui débarquèrent l’après-midi même au Trocadéro pour – info de la police – casser du juif et plus précisément mettre à sac la pâtisserie cacher de l’avenue Paul Doumer. Heureusement que la police fut là pour les refouler. Jusqu’à quand le fera t elle ? Prions qu’elle y parvienne toujours.
Après, on s’est même demandé si la communauté juive de France n’allait pas se faire la malle. De malle à malaise, il n’y a que quelques lettres quand le 11 janvier on a vu des millions de français défiler pour les caricaturistes de Charlie et pas beaucoup pour ces pauvres juifs qui étaient venus là pour faire leurs courses de shabbat. Le 11 janvier les français défilaient pour les victimes françaises innocentes (comme disait en son temps Monsieur Barre), mais pas pour ces juifs. Les manifestants étaient Charlie, mais pour beaucoup d’entre nous on était non pas Charlie, mais Partis ! On ne se sentait plus français.
Voilà pourquoi je n’ai pas mis mon blog en ligne.
Inutile de préciser qu’à New York (et pas seulement) nos potes s’angoissaient à mort pour nous.
Dommage les confs de novembre 2014 furent d’un super niveau, surtout Stephen Chu, mais on le reverra en novembre 2015.
Mais comme tout, la tristesse finit par s’évaporer dans le tourbillon des jours, et la vie par reprendre sa marche forcée. C’est comme ça depuis des millénaires, ça ne changera pas tout de suite. Et ce n’est pas faute de prier.
Donc New York
Ça a failli être la pire des sessions et pourtant ce fut la plus fabuleuse de toutes puisqu’elle s’est conclue par mon « final report » et le beau diplôme.
Pourquoi la pire ?
1. A la douane, ils se sont demandés s’ils n’allaient pas me remettre dans l’avion because j’ai eu le malheur de leur dire presque avec fierté que j’étais là pour finaliser un diplôme. Le mec, un jeune à la coupe en brosse du facho qui ne plaisante jamais, me demande si je fais ça depuis longtemps. Je lui dis ben regarde sur le passeport, ça fait 6 ans. Il me regarde méchamment et m’informe que pour passer un diplôme dans une université américaine il faut un visa, et que de ce fait je lui pose a big problem.
2. Ma fille : intox alimentaire. Elle vomira dans le taxi. On a eu peur que ce soit un truc plus sérieux.
3. Tensions franco-espagnoles dans l’amphi qui a failli dégénérer en baston. Mais bon… a failli seulement. On n’est pas des barbares.
4. Mes doutes, toujours mes doutes, sur la pertinence de mon sujet de mémoire et qui ont failli me faire renoncer.
5. Le trac parce que j’ai pris le risque de présenter un truc perso dans le sujet, dans les conclusions et dans la forme, alors que la plupart pompent des sujets bateau sur internet. J’aurais peut-être du faire pareil moi aussi. Non je rigole. « Où serait le mérite si le héros n’avait jamais peur » a dit Alphonse Allais
6. Et cerise noire : NYU, cette année, pas de clim ! On n’a pas très bien compris pourquoi ils ne l’ont pas mise, mais on a crevé de chaud. Surtout moi qui ai toujours chaud. Ken a bien essayé un ventilo, mais, trop bruyant, on l’a viré très vite. Le ventilo, pas Ken.
Voilà pourquoi ça ne s’annonçait pas top mais D. merci ce fut top.
Donc New York
Mais avant de vous raconter, je veux remercier sinon je vais oublier et je m’en voudrai parce que franchement ce final report ce fut vraiment un travail d’équipe.
D’abord ma femme Michèle évidemment. Sans elle, tout ça aurait fait pschitt depuis mon P1. On fêtera à New York notre 35ème anniv de mariage. O p… ça passe. Ma femme, après mon père (z.l.), c’est à elle que je dois tout. Tous ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas démago.
Ensuite curieusement ma fille ainée Livia qui pourtant ne se mêle jamais de ma vie professionnelle. Pire : la fuit comme la peste. La bouche c’est dégoutant, a-t-elle répété toute son enfance à son père qui pourtant aurait rêvé que… Bon tant pis ce sera pour une autre vie. Elle m’a évité qu’on me jette des tomates dans l’amphi, ou pire : qu’on se moque de moi discrètement. Je rajoute aussi Alexandre son mari car je suppose qu’il y a mis sa touche vu qu’il était au courant de tout. Il faut vous dire qu’au début de la rédaction de mon mémoire une fois que Raphael Bettach m’a très diplomatiquement fait remarquer que la forme, les couleurs, les polices, le choix des photos, les fonds, les animations, c’était très légèrement ringard voire carrément kitsch, je me suis retrouvé un peu le bec dans l’eau. Un jour je l’ai appelée au secours sans trop d’espoir et elle a dit oui. Elle qui a fait des études marketing justement aux USA, après avoir pris la mesure de l’urgence et des dégâts, a accepté spontanément de passer des heures à corriger, à réinventer, moderniser la forme, trouver une police plus fluide, des animations intelligentes et pédagogiques, à faire des aller-retour entre PC et Mac (PC au cab et Mac chez moi : bugs assurés sur la mise en page), entre PowerPoint et PDF (indispensable pour imprimer sans mauvaises surprises) et elle l’a fait malgré ses 2 anges qui lui font passer des nuits blanches et son « boulot de m… », chez L'Oréal.
Le docteur Philippe Jouard, mon associé, l’associé idéal – il a été étonné quand je le lui ai écrit en dédicace – devenu idéal avec le temps (15 ans dont 5 de collabo). L’association entre dentistes, tout le monde sait ça, c’est un mariage très compliqué – qui finit souvent très mal – avec ses crises, ses remises en question, ses doutes, ses empoignades, mais au final c’est lui, ancien enseignant à Garancière, qui en me disant que mon boulot était sympa, mais pas universitaire, m’a débloqué, désinhibé, tout en m’encourageant à penser autrement, à dépasser les pensées primaires, les complexes ringards, à faire dans le spontané. Ce fut lui le premier lecteur qui lut toutes les versions sans jamais perdre patience. Ses conseils furent précieux. Encore merci.
Le docteur Raphael Bettach, le group leader à NYU qui depuis 15 ans ne se lasse pas de New York. Comme moi c’est un amoureux de la ville depuis toujours. Raphael est un type généreux, humble, disponible, brillant, psychologue, pas avare de compliment. Il m’en a fait un joli que je tairai par modestie (surement fausse).
Le docteur Daniel Etienne mon ami, mon maître depuis 30 ans, m’a initié à la paro, m’a donné confiance en moi, son humilité et l’intelligence de sa vision des plans de traitement m’ont aidé à me construire professionnellement.
Jacqueline et Jerry Weiss (Brooklyn — Ocean Parkway) des amis de longue date, bien avant les Twin Towers, accueillants, hospitaliers (Jacqueline se fâche si on ne passe pas le week-end chez eux quand on est à New York). Ce sont des gens si extraordinaires que leur amitié, leur générosité, leur bonté renforcent mon idée qu’on vient de nulle part pour aller partout grâce à des anges comme eux que le bon Di.eu sème sur notre route. Eh puis depuis le temps que je viens à New York et que je côtoie les gens de là-bas je m’aperçois qu’il n’est pas facile de se faire accepter par une famille américaine. Les américains sont très différents de nous, ils sont aussi impérialistes libéraux sans complexe et puritains que nous sommes décolonisateurs socialistes culpabilisants et libertaires. Vu de New York, Paris c’est une belle ville, mais très fragile, surtout depuis Hollande et ses petites blagues qui font tellement français et aussi surtout depuis les évènements de janvier.
Mes patients qui se sont prêté au jeu, qui ont accepté que je leur torde la bouche avec mes écarteurs pour prendre des photos. Ces patients que je saoule avec New York depuis des années. Ces patients qui adorent mes photos et qui m’en redemandent.
Mes enfants qui ont toujours eu confiance en moi, en particulier mon fils Solal et sa femme Sarah (étudiants en dentaire) qui voient en moi un crack.
Et aussi ma jeune fille Chanel – qui a dégobillé dans le taxi et dans un Tupperware qu’on a jeté sur le bord de la route avant le Lincoln tunnel – qui a fait plein d’allers retours entre la maison et Copy-top. Elle rêve d’intégrer Touro Collège à New York, mais ça coute un bras. Faut juste trouver le bras.
Et enfin, mon maitre, le rav Daniel Aaron Heymann Chlita parce que c’est un type tellement haut que quand on est devant lui c’est comme l’Empire State on ne voit pas la pointe. Ce que je lui dois est incommensurable.
Avant d’arriver à Manhattan, puisqu’on est encore dans le taxi, je voudrais vous expliquer pourquoi je suis si fier de ce diplôme alors qu’à priori comme il est donné à tous ceux qui le passent, théoriquement il ne devrait pas valoir grand-chose. Pourquoi y aller donne toujours beaucoup de force. Pourquoi ce n’est pas un simple papier.
D’abord j’en suis fier, car il couronne des années de préparation, et pas que psychologique, il couronne trois mois de boulot intensifs pour la rédaction de la présentation finale, une certaine forme de recherche, une iconographie que j’ai mis des années à constituer, il couronne 6 ans d’aller-retour, et même si je l’ai fait avec le plus grand des plaisirs ça n’enlève pas le mérite de l’avoir fait.
J’en suis fier parce que je suis enfin diplômé d’une université Américaine avec tout ce que ça ne signifie pas en termes de retombées pro, mais en termes d’expérience d’étudiant newyorkais, d’histoire, d’image de moi-même, de background. Ce papier c’est le souvenir de mon expérience américaine et ça restera plus que les tampons sur mon passeport ou mes photos. Ça restera pour mes petits-enfants. Comme ce texte…
Oui c’est vrai, ce n’est pas un examen, ce n’est pas un concours, ce n’est pas un truc calqué sur le modèle des universités françaises.
Aux USA on vient, on paie, on suit les cours et si on veut réussir, on réussit parce que réussir, c’est réussir à venir et à suivre. J’ai croisé des dizaines de dentistes du monde entier qui ont renoncé.
En France tout est fait pour décourager l’étudiant, en tous cas rien n’est fait pour l’intéresser à cet incroyable métier qui est pour moi – et d’abord pour mon père – le plus beau du monde. En France on croit que, passionné ou pas, l’étudiant doit bosser sous la menace du redoublement ou de la sanction, voire du renvoi définitif, de l’exclusion, de l’humiliation. Combien d’étudiants ont abandonné en 2ème, 3ème ou 4ème parce qu’un prof s’était mis dans la tête qu’ils n’étaient pas faits pour le métier, qu’ils seraient un danger pour leurs futurs patients.
Aux USA on paie et on se charge de vous fait réussir. On essaie par tous les moyens de vous passionner, on y arrive ou pas : c’est le problème de l’étudiant, pas celui du système.
Devenir un bon ou un mauvais dentiste, c’est une décision personnelle. Il n’y a pas plus de mauvais dentistes à Paris qu’à New York.
Mon Post-Graduate de New York s’est fait dans la joie. Mes 5 années à Garancière ne m’ont laissé aucun bon souvenir jusqu’à ce D.U. de laserologie auquel j’ai du renoncer à cause d’une ambiance pourrie, et des menaces antireligieuses latentes. Quand le premier jour on entend dire qu’ici prime le principe de laïcité, qu’on se fout des obligations religieuses de Pierre et Paul (je devrais dire de David et Salomon) on n’a pas envie de s’intéresser à la laserologie. Il y a 5 ans à New York je n’ai pas pu assister à une session tombée pendant une fête. Raphael en a parlé à Ken Beacham : il n’y a eu aucune discussion. Il aurait pu dire non, mais ça n’aurait pas été pour une question de principe. Il a dit OK et toutes les autres dates ont été calculées en fonction. Le principe de la laïcité qu’il soit français ou chinois n’existe pas et n’existera jamais. Je ne sais pas qui y croit aujourd'hui, mais tôt ou tard il tombera. A New York qu’on soit employé de banque, dentiste ou procureur, on s’habille comme on veut selon ses convictions religieuses. Regardez le système américain, il ne marche pas trop mal. Pourquoi en France on y tient tant que ça ? C’est comme les 35 heures, ça ne marchera jamais, c’est comme les tarifs opposables ça ne marchera jamais. La France se soviétise et j’ai l’impression que c’est ce que tout le monde veut ici. Un économiste a écrit récemment : la France ne connaît aucune croissance parce qu’elle n’en veut pas. Ne retrouve pas le chemin du plein emploi parce qu’elle ne veut pas travailler. Quitter la France ? Comme Lova. Comme Benjamin, comme plein d’autres ? Pas pour moi. J’aime New York comme un parisien qui y a toute sa famille, ses souvenirs, sa culture. Je ne partirai que si on m’y force ou si je nous sens en danger. La France un pays pas Jewish Friendly ? OK, mais est-ce mieux ailleurs ?
Je suis fier car je suis allé à New York une dizaine de fois et chaque fois il faut fermer son cab, sécuriser les cas de prothèse, bien sceller les provisoires, penser à suturer avec du fil résorbable, à speeder pour prendre toutes les empreintes avant de partir etc. Et puis ça a un cout. 1800$ la semaine NYU + l’hôtel + le vol + manger sur place + … les cadeaux. New York ça coute un bras. (Encore plus en 2015 avec la remontée du dollar) Rien que surmonter cet obstacle, c’est déjà réussir.
Je suis fier parce que (et je l’ai vu aux réactions de mes potes) je n’ai pas fait n’importe quoi, j’ai fait un vrai boulot de clinique et d’iconographie, un vrai boulot de réflexion, parce que j’ai été assailli par les doutes les plus tenaillants, parce que j’ai eu peur de faire du ringard, parce que j’ai quitté les bancs de la fac depuis longtemps, parce que je n’avais pas de directeur de thèse pour me guider, parce que je savais que mon mémoire ne serait pas un travail scientifique, mais je l’ai fait quand même et mon auditoire fut intéressé et même amusé par ma franchise et ma spontanéité. J’y reviendrai peut-être.
Voilà pourquoi je suis fier de ce diplôme même si je ne l’accrocherai pas dans mon cab parce que ce n’est pas mon genre. Il est sur le mur de mon bureau chez moi et le soir je le regarde en sirotant mon whisky. Cela dit, New York c’est pas prêt de se terminer.
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Dimanche 7 juin 2015
De nouveau Openskies-British Airways ou American Airlines (on ne sait même plus sur quoi on vole) même si on se jure tous que c’est la der des ders.
Il y a quelques années c’était top. Là, aujourd'hui ça devient carrément super moyen. Genre éco sup crade. Le pire : quelques jours avant le départ, je reçois un mail : « dear Gilles Abitbol you will be upgraded ». Une heure après : mille excuses c’était une erreur. Authentique.
Avant, il y avait un rideau de séparation qui rajoutait à l’intimité de nos fauteuils spacieux. Depuis un an, le rideau a disparu sauf pour les Biz-Bed, (les business), et les fauteuils vieillissent mal, sont souvent cassés et tout est à l’avenant même les films une fois sur deux sans sous-titres français.
Par contre il y a quelques trucs top sur Openskies.
D’abord la fluidité de l’embarquement.
L’aéroport : Orly-Ouest, plus petit, plus près de chez moi. A Orly, l’enregistrement et l’embarquement super rapide, petit terminal, peu de monde dans la file Prem-Plus. Newark, c’est pareil et le retour encore plus simple : terminal B Level 1. On descend de taxi, on fait 20 mètres, on est au comptoir de l’enregistrement, 10 secondes d’escalator et on est en face de la porte 57 qui mène à la douane, très rapide et 20 mètres plus loin on est devant la porte d’embarquement d’un petit terminal. Peu de boutiques, mais très fluide.
Autre avantage : on a droit à plein de bagages et pour les cadeaux c’est top (Calvin Klein, Ugg, j'en passe et des plus chers).
Enfin : la vue sur le skyline de Manhattan quand on est à la douane de Newark c’est déjà New York. Vue de folie, mais photos interdites sinon Rikers Island.
Les autorités détestent la photo et n’ont aucun sens de l’humour. On dirait même que c’est sur ce critère qu'ils les recrutent. Tout comme ce douanier qui n’a pas du tout apprécié que je lui dise que j’étais venu fièrement passer un diplôme dans son beau pays. Eh oui, faut le savoir, mais Raphi le savait, qu’aux USA pour avoir un diplôme américain il faut un… visa. Un visa ? Sans blague ! Ou une invitation à suivre des confs… que Raphi nous enverra volontiers la prochaine fois. Ou alors on plaidera le tourisme innocent. Le mec un peu facho, jeune wasp blond coiffé en brosse comme tous les zélés me dit : je ne peux pas vous laisser entrer en territoire américain. Ma femme qui a dit « pour tourisme » oui, mais pas moi. Il téléphone à son collègue, mon cœur s’accélère. Quoi ! On va me remettre dans l’avion comme un vulgaire mexicain ? Je rêve ! Quelques angoissantes minutes plus tard, un autre flic arrive, mais cette fois-ci, bien armé et plaisantant encore moins que le précédent pour me demander de le suivre. J’arrive dans leur bureau moite et jaunâtre où plein de mexicains patientent. Le type jette mon passeport emprisonné dans un transparent plastique, le tout dans une corbeille et se barre. Il dit juste « you wait here, you’ll be called ». Effectivement une demi-heure plus tard on m’appelle, (du moins on essaie vu comme on massacre mon nom) pour me permettre de plaider ma cause. En me levant, j’imagine ma femme qui se ronge les sangs et ma fille en train de tourner de l’œil. Je passe devant un troisième flic qui me demande du haut de son estrade pourquoi je n’ai pas de visa. Je lui explique qu’en fait ce ne sont pas des études, à mon âge pensez-vous, mais des petites conférences de rien du tout, que je me suis mal exprimé, que je parle mal l’anglais, qu’il n’est pas question de diplôme, et de toute façon je repars dimanche prochain à Paris et dans un an à la retraite, et dans 2 dans une nursing home. Bien sûr, je ne lui ai pas dit tout le mal que je pensais de ce crétin qui nous a tous angoissés. Après quelques minutes à regarder son ordi et à pianoter, il tamponne mon passeport puis me le tend en me disant welcome in America avec un petit sourire genre Captain America qui en dit long sur leur kif d’angoisser les français. On se précipite à la livraison des bagages juste à temps pour courir arracher nos valises à une autre flic qui les emportait ailleurs. Heureusement qu’elle était obèse, donc très lente.
Taxi pour Manhattan. Un arrêt-vomi avant le Lincoln Tunnel (claustrophobes, abstenez-vous d’emprunter ce tube en béton chaud quand il est embouteillé, surtout l’été et surtout sans clim, choisissez l’hélico privé). Le chauffeur qui, comme tous les chauffeurs à New York, parle à peine l’anglais fut très compréhensif. J’ai prié pour que ce ne soit pas une gastro qui lui aurait gâché plusieurs jours, mais Di.eu merci ce n’était qu’une banale intox alimentaire. Après quelques heures de sommeil, elle sera d’aplomb le soir pour venir au Marais rejoindre l’équipe.
20h30 rendez-vous au Marais.
A noter pour ceux qui suivent les blogs que Dany le chef de rang d’origine française du Marais est revenu, qu’il s’assoit toujours à notre table et qu’il nous soûle toujours avec ses problèmes de dents ou d’autre chose, mais on était presque contents de le retrouver. J’avais peur qu’ils l’aient viré. À son âge, ç’aurait été à coup sûr un coup dur. Bouffe toujours irréprochable, à 20 mètres de Time Square, coin toujours aussi euphorisant en étant toujours le grand n’importe quoi américain.
L’Hôtel : le Trump Central Park. Situation idéale pour les gosses et ma femme face à Central Park à l’angle de Columbus Circle. Par contre, loin de la fac. Et je le paierais cher pendant les 5 jours dans les 2 sens, en taxi et en retard. Faites gaffe au Uber surtaxé à New York, ça peut vous coûter très cher de vouloir en prendre un le matin si gros trafic. 4 fois le prix d’un taxi normal. Certes ils préviennent, mais ça fait mal quand même.
Coïncidence marrante: Didier Besson (de Beausoleil à côté de Monaco) futur alumnus (ancien élève), comme moi cette année, loge dans le même hôtel et au même étage sauf qu’il a eu la chambre d’angle que je croyais avoir réservé et que je n’ai pas eue. Font c… Booking. La prochaine fois : hotels.com et en plus c’est moins cher.
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Lundi 8 juin 2015 - Dr Arnold Weisgold
Lever 4h du mat. Jetlag. J’ai le temps, je vais à pied. Une heure avec mon Canon. Temps correct, doorman au taquet.
Ont fait beaucoup d’efforts au Trump par rapport à la dernière fois. Professionnalisme irréprochable. La mémoire visuelle de ces types m’épate. Ou alors je suis une caricature.
Sur le chemin, je croise un vieux pote Dwayne tout fier de me montrer sa nouvelle chevalière. Il me propose de m’emmener sur la 24ème, mais vu que c’est un rapide furieux je décline. Je l’ai croisé au moins 20 fois sur le trajet. Sacré Dwayne !
J’arrive à la fac sans encombre. Dans le hall, Ken me sourit, il me reconnait pour la première fois. Il m’indique le chemin de la salle où on paie. J’ai l’habitude de leur méfiance. Grand sourire de la secrétaire. Tiens, ils ont maintenant un terminal de paiement. Ils ont du avoir des plaintes. Moi j’aime mieux payer en cash, ça évite les frais de banque. Monstrueux dans certains cas.
Le conférencier Arnold Weisgold est très vieux. Un arrière grand-père.
Il a dit : quand j’ai commencé à exercer dans les années 1960… La vache ! Les années 1960 ! Ce mec-là bosse depuis plus d’un demi-siècle ! Les dentistes ça devient de plus en plus comme Drucker qui a dit un jour : moi après la télé ce sera le cimetière. Je suis d’accord. Que Di.eu m’accorde la santé de Weisgold.
Il commence son cours par des considérations générales : jadis l’esthétique tout le monde s’en foutait, – pas tout à fait d’accord ; j’ai connu en 77 le Pr Lejoyeux qui faisait des montages esthétique fabuleux, mais c’était en France – on faisait des couronnes métal sur les prémolaires, des facettes résines sur les antérieures, des plombages sur les cingulum, et des inlays or partout. On voulait juste ne pas souffrir. Aujourd’hui la souffrance étant totalement dépassée (une prérequis, un droit de l’homme, a licence to kill pour le patient), l’esthétique est la nouvelle exigence, et comme aux States ils ont toujours 10 ans d’avance, ça promet. Alors il s’y est mis. Comme tout le monde. Il compte exercer encore une bonne vingtaine d’années. Avec lui on eut droit aux rappels anat, différences entre la dent et l’implant, l’attache épithéliale, les fibres conjonctives, et surtout considérations sur les papilles. Faut faire attention aux papilles, c’est l’obsession de tous les chirdents aux USA. Leur perte sur les dents antérieures est la première cause de suicide des ados et des mannequins à Manhattan. Le dentiste qui ferait des CCM irréprochables, mais en laissant un trou noir risque la peine de mort. Diapo prise au cours de Kronstein le jeudi matin.
A les entendre, on a l’impression que l’américain ou américaine de New York peut rater sa vie s’il (elle) perd la papille inter incisives centrales. Le petit triangle noir c’est l’enfer absolu d’autant plus que personne dans le monde entier ne sait faire repousser une papille décapitée. Ils savent greffer une mâchoire, un cœur, un pied, une main, un visage, bientôt un cerveau, mais faire repousser une petite pyramide de chair rose entre 2 dents aujourd'hui c’est Mission Impossible 15. Une ado qui perd sa papille n’osera plus sortir de chez elle. Alors faites gaffe dans les incisions, dans les sutures, faut greffer, une fois, deux fois, trois fois pour essayer de gagner un demi millimètre et ensuite faites des couronnes avec une convexité qui bouche ce triangle qu’on ne saurait voir sinon c’est le procès, la relégation, l’opprobre, la radiation. A mon avis, celui qui va trouver comment faire repousser une papille aurait le prix Nobel à coup sûr. Peut-être même plusieurs. Depuis 20 ans Dennis Tarnow le dieu vivant à New York est en quête de ce Graal qui ferait repousser les papilles.
Comme il le dit souvent (NB, on a raté la visite de son cab d’Upper East Side, si D veut en novembre):
« Don’t touch the papilla ! Fuck ! » (Ne touchez pas à la papille ! Purée !)
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Lundi après-midi – Dr Ziad Jalbout
Sûrement un américano-libanais. J’ai appris à l’apprécier Jalbout. Il est cool, souriant et parle lentement.
Avantage : il a un accent et l’anglais avec un accent c’est le plus facile à comprendre. On dirait de l’anglais sous-titrée.
Côté traducteurs, on a été super gâtés. Benjamin le belge de Uccle qu’on ne présente plus sauf pour dire qu’il exerce désormais en Belgique en déconventionné et que pour s’installer il s’est dit : voyons grand, achetons un immeuble de 6 étages. Lova le canadien enfin intégré à Montréal et Raphael toujours dans son bled au nom imprononçable.
Jalbout a traité de l’approche mini invasive.
Méga intéressant. C’est mon obsession depuis le début de l’implantologie. J’ai trop assisté à des chirurgies où le praticien décollait jusqu’aux oreilles pour bien voir, laissait l’os exposé pendant une heure et après s’étonnait que le patient ressemble à un hamster en post-op.
Il a parlé de l’extraction atraumatique en vue d’implanter tout de suite.
C’est un vrai problème aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que l’implant a du plomb dans l’aile. Eh oui chers amis, l’implant n’a pas que des avantages (voir mon final report).
1. Il est difficile à intégrer dans l’omnipratique. Soit on fait n’importe quoi (c’est plus souvent le cas qu’on ne le pense), soit on s’ouvre la patate pour devenir implanto confirmé (et on y passe des années), soit on prend le risque de fonctionner avec un correspondant implanto exclusif. Je dis risque parce que c’est un gros risque. Gros risque oui : l’implanto exclu l’est de moins en moins. Il perd des correspondants tous les jours. Chaque nouvelle génération de chirdent implante plus que la précédente. C’est un métier qui va disparaitre pour laisser place à un vrai chirurgien buccal à qui on va adresser la grosse chirurgie, les trucs sales qu’on ne veut pas faire, qu’on ne sait pas faire, les trucs chiants comme les dents de sagesse tordues. Dans pas longtemps on ne va leur adresser que les cas de dingues qu’on n’ose plus envoyer à l’hosto. Le nouveau chirurgien-dentiste saura faire plein de choses, les implants, les sinus, les petites greffes, les gros cas prothétiques, même les petits cas d’ortho. Normal : le système en France est impitoyable avec ceux qui se contentent des soins classiques (pas comme au Canada m’a dit Lova, où on peut très bien gagner sa vie en ne faisant que des composites, à vérifier). Autre inconvénient si on envoie à un exclusif, pour compenser l’inexorable perte de son nombre de correspondants, avec le temps, il aura tendance à faire ce qu’il ne devrait pas faire 1. du clientélisme 2. du surtraitement 3. de la prothèse et de l’esthétique. La balle est dans le camp des exclusifs ce sera à eux à réinventer leur métier. En faisant du coaching par exemple ?
2. Sa chronophagie va en faire réfléchir plus d’un. L’implant va devenir un cas hautement responsable et probablement passible de sanction dans certains cas. Entre un implant à risque (avec ou sans greffe ou ROG) avec consentement éclairé et un bridge classique sur piliers déjà dévitalisés aujourd'hui pas photo. Il y a eu une époque où on condamnait le chirdent parce qu'il n’avait pas proposé l’implant. Demain on les condamnera parce qu'il a fait un implant et pas un bridge.
3. Le rapport vitesse d’exécution du traitement / prix / remboursement va être déterminant.
4. Le chirdent expérimenté comme il le devient avec le temps pour les extractions et les endos va finir par savoir qu’il se trouve devant un (ou un futur) cas déchiré où il peut (pourrait) laisser sa chemise. Du coup devant une bouche où il sait que quand il faudra mettre des implants plus tard ça va être compliqué genre un os fin mandibulaire ou des sinus très pneumatisés ou une parodontite commençante le chirdent aura tendance demain à privilégier la paro et l’endo. Hélas si l’endodontiste exclusif est en vogue (et incontournable) le paro exclusif est une espèce en voie de disparition. Mais il va revenir à la mode, j’en fais le pari. Ou alors c’est le généraliste qui se formera en paro et en hygiène. Qu’on n’ait pas le droit en France de former et d’employer des hygiénistes est une aberration, mais en France on n’est pas à une aberration près.
Mais peut-être que d’ici là, comme pour les notaires ou les opticiens, le système Hollande-Macron-Touraine-Mutuelles-Tiers Payant aura détruit la dentisterie française. Ne nous méprenons pas : Hollande a une chance en 2017 et la dentisterie française est sur une très mauvaise pente.
Mais il n’y a rien en dehors de D.
Donc approche mini invasive
Beaucoup à en dire.
Le flapless trop risqué, – faites l’essai, pointez à travers la gencive puis décollez, vous serez surpris de l’excentrement de votre impact – pas assez d’instruments à notre dispo pour s’y risquer. Mais c’est l’avenir. Je parie qu’un jour il y aura des échographies pour ça.
L’extraction atraumatique. Un truc israélien n’a pas l’air mal, un porte empreinte, du silicone, un tenon vissé en force et un système de poulie, mais faut un scanner précis pour être sûr qu’on ne va pas tout détruire en faisant levier. La pièzo, très prometteuse, faut juste investir.
L’EXTRACTION IMPLANTATION IMMEDIATE va se généraliser.
Bref le mini invasif, c’est ouvrir, décoller, forer le moins possible, c’est extraire sans dégâts, c’est attendre le moins possible, c’est le minimum d’étapes dans un traitement implanto-prothétique.
Moi j’aurais ajouté c’est choisir l’implant le plus fiable, une surface bioactive et une forme adéquate, mais à NYU (comme ailleurs) on ne parle jamais des marques d’implant : trop d’enjeux commerciaux.
On en parle quand vous voulez. Et vous apprendrez à me connaître : je ne suis pas un fanatique !
Après le cours la photo de groupe.
Pourquoi suis-je le seul à regarder ailleurs ? Mystère…
Le groupe d’espagnols ont eu droit à une photo à part ; les espagnols, ils étaient à part quand ils n’étaient pas contre nous.
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Mardi 9 juin 2015 – Dr NEWTON CARDOSO
Brillantissime sympa genre VAFIADIS (qu’on retrouvera en novembre).
Newton prénom prédestiné à l’implantologie, tout au moins au torque.
Né un 9 juin, quel honneur il nous faisait d’être là le jour de son anniv.
Il y aura un gâteau avec champagne, il y aura sa femme (belle et tout)
et ses 2 filles et photos de famille.
Jamais vu ça à Garancière.
Très américain, pas très : TRES. Il nous raconte sa vie, pareil que Vafiadis. Petit il se casse la gueule, se pète ses 2 centrales : une vocation est née.
Il ne nous a pas dit quel âge ça lui faisait, mais il a soufflé 4 longues bougies et 4 petites. On a conclu qu’il avait 44 ans.
Cardoso est un paradoxe, c’est l’associé de Dietschi la star du collage qui est censé apporter des alternatives au tout-implant et en même temps il nous a montré un cas où je trouve que sa démo frôlait le surtraitement.
Avant de vous exposer le cas qui m’a le plus surpris je voudrais vous parler de la philosophie America en matière d’esthétique : la philo Steinway.
Elle est moche – c’est elle qui le dit – elle est complexée, elle n’arrive pas à se marier ou à se remarier avec le trader ou le lawyer de ses rêves. Qu’à cela ne tienne, on va lui changer la gueule, on va lui faire une gueule de princesse des neiges que même son père ne la reconnaitra pas.
Et même s’il faut lui augmenter la DVO de 4cm on le fera. Faut juste qu’elle fasse un prêt de 50 K$ (ou plus), signe son consentement éclairé à la bougie et l’affaire sera emballée.
Le résultat esthétique est bluffant dans plein de cas.
Cardoso est un as. Il transforme un simple belle en une très belle de folie. Surtout quand elle fait un régime derrière et change de coiffeur ou/et de coiffure. Mort de rire. Peut-être le régime seul aurait suffit, on ne le saura jamais.
Même si j’exerce 2 siècles de plus, je ne lui arriverai jamais à la cheville. Pardon papa.
Ce qu’il fait est bluffant mais il y a un mais.
Il est sponsorisé par Steinway. J’ai un copain pianiste qui m’a dit : tu lui mets des cordes au bout des dents et je pourrais interpréter un concerto en sol mineur.
Ces dentistes américains ont créé un new standard of beauty : le clavier de piano.
Mais bon passons
Cette fille de médecin a retrouvé le bonheur grâce à Cardoso.
Autre cas bluffant
Une classe 2/2 sévère ; il s’en est sorti royalement.
Par contre le cas suivant vu le temps qu’a pris le traitement je crois sincèrement qu’elle ne reste plus assez de temps à la patiente pour réussir sa vie vue que son traitement a duré 25 ans. Je plaisante bien sûr, mais l’enchainement des chirurgies et des temporisations ne me paraissent pas aller dans le bon sens.
Ça me fait penser aux orthos douteux qui resserrent les crochets pendant des décennies.
En gros c’est un cas d’échec esthétique, le praticien précédent – c’est toujours le précédent, eux pas d’échec – met un implant mais mal. Pas de chance : récession gingivale. En plus il le met trop haut. Bref il merde tout ce qu’il peut. En fait osons le dire, il a fait n’importe quoi. Faut récupérer le cas avant le procès aux Assises.
Zorro Cardoso est appelé à la rescousse. Il arrive, fait un devis de 100 K€. Pas de problème : le patient est venu chargé. Cardoso ouvre son tiroir (assez grand pour accueillir la mallette : aux States tout est surdimensionné) et démarre.
D’abord il dépose l’implant. Il nous fait le coup : alors comment vous l’enlevez cet implant ? Nous on fait semblant de chercher pour lui faire plaisir. Un davier ? Eh non ! Une fraise à os ? Non plus. Un marteau et un burin, une grue, un magicien ? Pas plus ! Je vais vous le dire : avec un extracteur ! Non ! ça existe ? Pas mal, on ne connaissait pas !
Et en plus il a le kit et tout. Il s’y prend comme un chef, il insère le truc et l’implant se dévisse comme par magie. Ensuite greffe et ROG. Six mois plus tard, il place son implant et de nouveau greffe et ROG. Ensuite il désenfouit, ensuite il met en charge et au bout de quelques années scelle ou visse. Entretemps le mec divorce, fait une dépression et se suicide.
Tout ça pour arriver à faire une CCM sur implant à côté de dizaines d’autres CCM qu’il fait aussi dans la foulée.
Question : pourquoi après l’explantation, la greffe et la ROG, une fois que le niveau de crête est suffisamment esthétique ne fait-il pas un bridge ? Réponse : trop simple.
Le collage ou le bridge sont aujourd'hui des alternatives aux implants quand on sait que la chirurgie va s’éterniser car il ne faut pas oublier que le plus chiant c’est gérer en attendant la pose du truc définitif et gérer sur une longue période c’est aussi gérer pendant les vacances du patient et du praticien. Genre je suis tranquillement allongé sur une chaise longue au bord de la piscine du Shangri-La à Bangkok en train de siroter le cocktail de James Bond ou au Royal Beach face à la mer Rouge quand je reçois un texto de mon associé (ou collaborateur) que ça distrait de m’angoisser: « monsieur Robespierrot son bridge provisoire vient d’exploser, il veut aller au commissariat déposer une main courante, envoyer un recommandé à la sécu, au fisc, à son avocat et au conseil de l’ordre : je fais quoi ? » Tout le monde autour de la piscine se demande pourquoi alors que le soleil brille sa mère je viens soudain de blêmir. Avec une question taraudante : pourquoi je ne lui ai pas fait un bridge à ce crétin ? Si je n’avais pas eu le choix je réponds : mektoub. Mais si j’avais eu le choix…
Voila pourquoi Tirlet et Attal remplissent leurs séminaires à 3 K€ les 4 jours.
C’est évident ! Les collages il n’y a rien de plus débile. On va au stage pour apprendre à coller, à etcher, à silaner, à sabler, on choisit une prothésiste de folie, on réapprend à poser la digue (Cardoso dit que lui ne la pose pas. Un ange passe…) on fait une prépa de mongolien et on pose des super bridges collés ou classiques sans problèmes.
Bref Cardoso on a adoré.
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Mercredi 10 juin 2015 – dr Wallace, la légende vivante et the Final Report !
Bon Wallace sommité mondiale du sinus. Certains disent qu’il est né dans un sinus. Possible. Moi je ne m’approche pas, j’ai peur de recevoir une décharge.
Wallace et sa photo de début de cours – c’est son fond d’écran – lui pieds dans l’eau tenant dans ses bras la centrifugeuse (pour faire du PRF) qu’il a achetée à Choukroun sans jamais en trouver l’utilité et qui lui sert d’ancre à son petit bateau. Oui petit bateau, car ce n’est pas avec les 1000 sinus qu’il fait par an qu’il peut s’en payer un gros. À mon avis Wallace est originaire de Meknès.
Même cours, même brillance, mêmes sinus impossibles, mêmes cloisons inexpugnables, même artère antéro-antrale qui repeint les murs des cabs.
Vers 15h30 à son tour, il s’assoit au premier rang et s’apprête à écouter nos conneries surtout en français.
Wallace ne grimace pas, car il est poli, mais il aurait pu. Besson et moi en bons étudiants français d’une fac américaine, on a tout fait en français, même pas un phrase en anglais même pas merci, des franchouillards avec sauciflard et baguette sous le bras. Moi pire : pas de cravate. J’aurais du. Nul. Mon seul regret. J’ai pas pensé, j’ai oublié, je crevais de chaud et de soif. Pardon papa. Toi aussi tu as du te dire, mon fils, fallait mettre la cravate c’est honteux !
C’est nul d’être français. Avant j’étais fier, aujourd'hui moins. Je ne connais personne de ma génération qui est parfaitement bilingue anglais, déjà à l’école même quand on avait 19/20 de moyenne, on n’était même pas capable de tenir une conversation ou de voir un film sans sous-titres.
Soit c’est le système scolaire qui est foireux du début à la fin, soit c’est le français langue prétentieuse et si alambiquée qu’elle empêche ou inhibe l’apprentissage des autres langues, soit c’est l’orgueil français qui refuse de se laisser coloniser par d'autres cultures. Je ne sais pas, mais ça fait plus de 15 ans que je vais aux USA je n’arrive toujours pas à comprendre en continu et comme dira Jerry au rav Landau qui voulait converser avec moi : Gilles comprend très bien l’anglais, mais il faut lui parler très lentement et bien articuler. Ce qu’il fait depuis que je le connais, mais hélas c’est le seul américain avec lequel je peux parler, car il parle lentement et articule bien. Il a épousé une française, ceci expliquant cela.
Donc Wallace et ses sinus. On pourrait créer une série genre Grey’s Anatomy. Sinus Anatomy.
C’est facile un sinus: on incise, on décolle, on fraise ou on piezote ; après on soulève mamy Schneider et on comble avec ce qu’on veut ou avec rien ça marche aussi. Et si on veut ajouter des initiales centrifugées, PRF, PRGF, RPR, ANPE, CNSD, CARCD, on peut aussi. Wallace est mort de rire, mais il y en a qui le font très bien.
Wallace chaque fois on dit que c’est la der des ders et on le revoit à la session suivante. Il est sympa et sa police de caractère est plus kitsch que ma première version de PowerPoint, mais lui c’est Wallace : respect. C’est comme la papille : on ne touche pas à Wallace.
Ensuite, ce fut les présentations, the final report, ils sont beaux ces mots. En français vu que ce genre de trucs n’existe pas, la traduction n’existe pas non plus. Il y a soutenance de thèse, présentation de mémoire, mais c’est pompeux, péteux et orgueilleux. Final Report c’est simple et en même temps si grand, si vrai, si mérité, si Hollywood. Ça fait film de Spieberg.
Raph très sympa a baratiné Ken pour qu’on ait tout l’amphi à partir de 15h pour rester entre francophones. Incorrigibles français. Le plus fort c’est le professionnalisme des amerloques. No problem, faites votre speech en javanais si vous voulez, nous on s’en fout des pygmées.
Du moins des pygmées européens.
Problème: j’ai tellement eu peur qu’on me jette des pierres que j’ai dit à ma femme : ne viens pas, tu pourrais chopper une balle perdue. Raph s’inscrit en faux déconne pas, j’ai baratiné Ken justement pour que tu viennes avec ta famille, mais non mais oui mais non mais oui.
A la fin il a gagné.
Mon fils, ma fille et ma femme furent là pour filmer. Mon fils filma tellement bien qu’il faudra attendre l’arrivée du messie pour restaurer une version visible.
3 alumni (j’adore ce mot, mais the french académie pas d’accord. Il y a discussion au plus haut niveau pour savoir si c’est valable, mais moi j’adore alumnus, ça fait je vais sur la lune, j’alunis, je suis dans un autre espace)
D’abord Didier BESSON, puis moi, et enfin Nuno Relha Vaz de Lisbonne (photo du dessus). Besson cravate, moi pas, mais tricot de peau apparent et Nuno chemise dehors et jean. Heureusement qu’il n’y en a pas eu un 4ème il se serait présenté en bermuda.
Didier Besson. Je ne vais pas le critiquer, il est sympa, il soigne la famille royale, il paie ses taxis une bouchée de pain et en plus il a la chambre d’angle que j’aurais du avoir. Ça va, ça se passe bien, pas trop le trac. L’AAA, l’artère antéro antrale. Le genre de truc qui ressemble au serpent qu’il faut contourner pour accéder au trésor de l’Arche Perdue. Si t’as pas de chance il te pique et tu meurs ; si tu gères, tu deviens riche et tu pourras t’acheter un zodiac comme Wally. Le triple A de la chirurgie. Mort de rire. Je ferai un reportage, un roman, une psychanalyse ou une émission spéciale le jour où j’en chopperai une.
Ensuite moi…
A midi, avec mes potes qui pourraient être mes fils, j’ai fait l’expérience d’une perte d’appétit intersidérale incroyable, moi, le papy, qui croyais avoir tout connu, j’ai eu le trac sans même m’en rendre compte. Je suis sûr que le jour de ma mort j’aurai le même trac.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti un sentiment pareil : perte totale d’appétit. 1988 moi critique littéraire d’un torchon en faillite, je devais interviewer BHL, un trac dingue, moi qui ne buvais pas (à l'époque...), j’ai enchainé les vodkas orange jusqu’à la nausée au café d’en face en attendant le philosophe majeur du 20ème siècle. Heureusement il rata son avion à Genève, et je rentrai chez moi pour vomir. Le même trac quand en 2ème année à Garancière je me suis présenté aux élections des délégués et qu'on m'a invité sur le podium à venir présenter mon programme. J’ai eu 2 voix sur 300. Je cherche encore celui ou celle qui a voté pour moi.
Donc le trac.
Je l’ai eu !
Je l’ai eu beaucoup…
Et en même temps, cet adrénaline c’était une jouissance, une fête, un carnaval, une jouvence, une secousse rare que je paierai cher pour ressentir à nouveau. Seul regret : ne pas avoir pensé à sourire, ça ne coutait rien de sourire, pas pensé, moi si déconneur, j’ai fait une gueule de trac, sérieux, le mec qui joue sa vie, son avenir, sa fortune, sur un sujet vital.
Par contre je n’ai pas été nul, c’était ça l’essentiel.
A mon âge, je n’avais pas le droit d’être nul.
D. merci.
J’ai parlé des échecs ou des causes d’échecs en implantologie chirurgicale.
En fait j’ai parlé du sujet qui me tenait le plus à cœur. L’échec, c’est ce qu’il y a de plus douloureux dans ma pratique quotidienne car l’implantologie c’est le domaine où je me suis le plus investi excepté l’endo, mais l’endo c’est moins douloureux. Le patient n’arrive jamais avec le cône de gutta ou le protaper cassé dans les mains.
L’échec, c’était tellement subliminale que quand on m’a dit qu’il fallait que je présente des cas cliniques, j’ai choisi inconsciemment des cas où au fond de moi je voyais des échecs.
Freud au secours.
Et quand j’ai dit : maintenant je vais vous présenter des cas d’échecs, j’ai été presque soulagé, oui Gilles tu as eu, au début, tellement envie de mettre des implants que tu as fait quelquefois n’importe quoi. Je vous rassure tout de suite: comme tous les implantos du monde !
Quand j’ai fini, quel soulagement ! Le plus beau, le plus jouissif vint des algériens Mohamed et Soria (tête couverte sur la photo) mariés dans la vie. Quand Raph en me présentant m’a remercié publiquement pour mon blog, ils ont approuvé de la tête en souriant comme pour me dire qu’ils le lisaient et qu’ils le kiffaient. Ça m’a fait grave plaisir. Le 2ème kif c’est le group leader spanish, bien que ce fût un peu tendu entre nous, s’est quand même retourné vers moi pour me féliciter en haussant le menton, comme s’il avait dit : olé ! C’est le moment où j’ai senti que les tensions s’étaient relâchées. Et que j’avais gagné mon pari.
Merci à tous !
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Jeudi 11 juin 2015 – Dr Eliott Kronstein, « gérer les variables qui déterminent le succès ou l’échec » : un carnage.
Séparation entre français et espagnols. Nous sommes relégués dans la salle de réunion. Et en plus j’arrive en retard. Au bout d’une heure Elliott craque à cause de la chaleur et Ken nous trouve une salle plus spacieuse et plus fraiche au 6ème.
Ci-dessus des dents qui pourraient être celles de ma femme. Purée, le mec les taille en sucette pour les remplacer par des palettes. Sont pas bien ces américains ! Remarquez, c’est surement le patient (e) qui est demandeur. Faut être fêlé, le type a des dents saines et il se les fait tailler. Quand mon père me parlait du plus beau métier du monde, sûr qu’il ne parlait pas de ça.
Des cas comme celui-ci Kronstein nous en montrera des dizaines.
Un autre :
Toute la journée il nous montrera ses cas, il nous parlera aussi de son prothésiste à 750$ la couronne sans nous dire combien lui prenait pour la poser. Il précisera juste : avec lui je dors tranquille. Mort de rire. Avec un tarif pareil, moi ce serait chaque jour nuit blanche.
Raphael s’emmerdait un peu entre le cours de Kronstein et celui de Cardoso où il ne fut pas beaucoup question d’implant. Mais on se marrait bien au fond avec les traducteurs et puis comme je l’ai dit en conclusion de ma présentation l’implant en dentisterie n’est plus la star qu’il a été, les collages sont arrivés et lui volent la vedette, les techniques conservatrices reviennent à la mode. L’implanto exclusif dans 10 ans commencera à s’emmerder. Faut qu’il s’adapte.
Dernier cas ou comment normaliser un prognathe avec 70 K$ et augmentation de DVO. Différence avec un piano : pas de touches noires, mais on peut jouer à 4 mains.
Conclusion :
On lui a pris une photo de lui en train de sourire. Ouf ce sont ses dents à lui. Pas fou le mec ! Il nous a fait promettre de l’envoyer à sa mère.
Sûr, c’est un ashkénaze.
Après le cours, remise des diplômes avec photo de groupe (je préfère la mienne même si je suis resté derrière le Canon), casquette et teeshirt NYU. Un peu ringard sur les bords, mais bon.
Les espagnols eurent droit à Cyril Evian de Philadelphie, la ville de Rocky Balboa. Rigolez pas avec ça, les gens de Philadelphie (Evian Weisgold) prennent leurs icones très au sérieux. Sont saluces ces américains. D’ailleurs à les entendre parler, on a un doute, Rocky a t-il existé ? Rambo oui, Terminator oui, mais Rocky ? Je ne crois pas.
Había un pequeño problema español… o frances
En 2 mots et en 2 têtes
Leaders d’un gros groupe, nos deux confrères escortent des étudiants qui n’ont pas encore fini ou qui viennent juste de finir, on n’a pas bien compris, en tous cas des jeunes – beaucoup plus jeune que la moyenne d’entre nous – pour la plupart, beaux gosses et musclés. Ils sont un bon groupe qui occupe tout le devant de l’amphi.
Le groupe de Bettach en général est au fond et est assez bavard, mais bavard sur le cours, disons interactif et en général nos interventions sont conviviales et sympathiques. On n’a jamais eu de problème.
Au dernier rang, on a habituellement les traducteurs et aussi les groups leaders donc les espagnols. Moi je suis juste devant eux. Même place depuis le début de mon cursus.
Lundi matin pendant un bon moment ils parlent plutôt fort, rigolent, pas discrètement, lourdement, Benoit me dira qu’ils visionnent des vidéo sur You Tube. Ils s’amusent comme ils peuvent. Sauf que ça dérange tout le monde autour d’eux.
Moi l’anglais d’une oreille, le français d’une autre, c’est impeccable je sais gérer, mais de l’espagnol derrière, c’est trop. Je leur demande poliment avec mon meilleur sourire d’être compréhensifs. Le plus incroyable c’est qu’ils font comme s’ils n’avaient rien entendu. Je leur demande de nouveau de faire moins de bruit, mais là encore, pas de changement. A la pause, je m’aperçois que mes camarades sont gênés comme moi, mais se taisent par courtoisie. L’après-midi, après la pause déj, je leur demande de nouveau de se taire en leur disant que je ne peux pas me concentrer sur le cours. Là, ils se taisent, mais à ma première intervention le frisé crie : moi aussi je ne peux pas me concentrer. L’ambiance est plombée. J’hallucine qu’à ce niveau universitaire, on puisse croiser des types qui se comportent ainsi. Mais j’ai une question : pourquoi ne vont-ils pas discuter dehors ? Sont-ils obligés de rester là à surveiller leurs étudiants ? Je me renseigne, ce sont bien des dentistes, des implantos, parait – c’est ce qu’ils racontent – que le frisé aurait une chaire à la fac de Madrid, un cab avec 20 fauteuils, qu’il roule sur l’or. C’est quoi le truc ? Il a une dent contre les français ? Moi qui ai été flatté de voir mon nom sur la liste de victimes espagnoles de l’Inquisition et à qui le gouvernement espagnol a proposé aux descendants de restituer la nationalité espagnole, soudain je suis un peu triste : le type ressemble à ces petits dragueurs antifrançais qu’on croisait dans les boites de nuit de notre adolescence sur la Costa Blanca. J’ai même pensé ne plus mettre les pieds à NYU si on ne trouvait pas de solution. Le soir, je rejoins les miens un peu énervé,
A un moment– on est mardi – je sors pour me détendre. Quand je reviens, je sens que l’ambiance s’est encore alourdie. Les français sont prêts à la castagne. Raphael vient me voir et me dit : « l’espagnol est allé se plaindre à Ken : parait qu’on fait trop de bruit ! » Là je chancèle. Quoi ? Je rêve ! Le type avait retourné la situation et, alors que j’étais aux toilettes, s’en était pris à un français de façon très agressive. Très fort !
Di.eu merci, ça finit par s’arranger. On s’expliqua entre gentlemen dans une salle. Le group leader s’excusa de s’être montré agressif et nous d'être français et tout rentra dans l’ordre, surtout à partir de mercredi où on fut séparés. Histoire bizarre. Raphael se désola : si on était un gros groupe on aurait l’amphi pour nous tous seuls. Faut recruter les gars ! N’empêche, Ken a dit à Raph : « il y a des groupes de toutes les nationalités à NYU, le seul avec lequel j’ai des problèmes c’est le groupe français. » Ah l’exception…
A vous de commenter.
L’ambassadeur belge son Excellence Pierre Koumi réussit à ramener la paix entre français et espagnols (mais non, pas dans sa chambre d’hôtel !) N’empêche, jolies, les colombes…
Après NYU, je partis rejoindre les miens Downtown. Je voulus y aller à pied, mais la chaleur m’en empêcha. Plus de 30° et un taux d’humidité affolant. Au bout de quelques mètres on est gluant.
Programme de cette fin d’après-midi: La nouvelle tour du WTC
Faut réserver à l’avance avec des plages horaires précises et le billet n’est pas donné (30$). J’ai connu les Twin Towers, enfin une, l’autre n’était pas accessible.
Dire qu’il y eut sûrement des touristes qui mitraillaient Manhattan le 11/9/2001, dire qu'il y a eu sûrement des types qui prenaient des photos des avions quelques minutes avant qu’ils les percutent. Il n’y avait pas l’iCloud à l’époque. Bon changeons de sujet. C’était à 9h du matin, peut-être pas de touristes. Le mémorial, au pied de la tour, est sympa, 2 grands bassins carrés à l’emplacement des anciennes tours avec gravé dans un marbre anthracite le nom de toutes les victimes.
On a fait la queue, on a assisté au show bidon puis on a pris l’ascenseur…
Attention je préviens, pas comme Besson qui m’a fait rater le clou de la visite : quand vous êtes dans l’ascenseur, déclenchez la caméra ou votre iPhone avant la fermeture des portes, car il y a sur les murs la projection d’un film sur New York absolument fabuleux – à l’aller seulement. Au retour il est moins bien – Besson m’a juste dit tu verras dans l’ascenseur tu penseras à moi. Nul. Il fallait me dire : dès que les portes se ferment commence à filmer. Tu penseras à moi… n’importe quoi ! Parce que le reste est d’une nullité consternante et en plus il n’y a pas de possibilité de sortir à l’air libre, on shoote derrière des vitres avec des méchants reflets sales. Aucun intérêt. En plus c’est haut, trop haut. Le Top Of The Rock du Rockefeller Center c’est le top du top, ça vaut dix fois l’Empire State avec ses grillages ringards et mille fois le WTC. Vulgaires pièges à touristes.
Voilà j’ai tout dit sur NYU ou presque.
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Vendredi 12 juin 2015
J’ai zappé la fac. Il y avait Michael Sonick que j’ai déjà vu 3 fois. Matinée consacrée à ma femme, à mes gosses et aux cadeaux. On est allé respirer un peu l’air de Central Park, c’était fabuleux, cette verdure entourée de gratte-ciel c’est grisant, il faisait beau, les gens étaient allongés sur l’herbe, riaient, mangeaient, gesticulaient, dormaient.
On a quitté l’hôtel – le personnel était incroyable de courtoisie. Je recommande le Trump surtout depuis que Donald a décidé de se présenter aux présidentielles –, pris un Uber pour Brooklyn. Ah oui j’ai oublié de raconter une dernière anecdote sur NYU ! En fait en changeant de salle, j’avais oublié mon dossier avec toutes mes notes. Je suis devenu fou. J’ai appelé Raphael vendredi matin et l’ai supplié de le chercher. Ils ont fini par le trouver. On me le garde au chaud m’ont-ils promis. A 14h, je dis au chauffeur du Uber de faire un crochet par NYU, je vous dis pas les bouchons, mais bon c’était une super berline bien réfrigérée. On a quand même mis une heure. J’arrive, il est 14h-15h, NYU ferme, les secrétaires sont déjà dehors, je les croise, je leur demande s’il reste encore quelqu'un pour que je puisse récupérer mon dossier. La plus jeune est au courant. Elle croyait que je ne viendrais plus. Elle dit aux deux autres ne m’attendez pas. On retourne ensemble au secrétariat et m’extirpe mon dossier d’un tiroir. Ouf ! Je l’ai bénie, remerciée mille fois. On s’est fait de grands sourires, on s’est dit à la prochaine et je suis remonté dans mon Uber. Il aurait manqué à ma collection et surtout c’est là que je range tous les factures du séjour. C’est ce dossier que je regarde en rédigeant ce blog.
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Samedi 13 juin 2015: on n’a pas arrêté de manger, de boire et de chanter avec les shtreimels.
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Dimanche soir 14 juin 2015 on est repartis à Paris.
Après m’avoir félicité, Jerry – qui a plusieurs doctorats et une smi’ha de rav – m’a demandé : si je comprends bien, c’était la dernière fois, tu ne viendras plus à New York pour NYU, n’est-ce pas ?
Moi : pas du tout ! En novembre ça recommence !
Lui : il y a encore des diplômes à passer ?
Moi : non le diplôme c’était un prétexte, la vraie raison c’est New York.
Lui : et tu paieras encore 1800$ ?
Moi : non 1000$ seulement. Me alumnus now
Il a souri (le sourire de Jerry équivaut à un éclat de rire) : wow !
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Dimanche matin : River Café après le Brooklyn Bridge
Un des endroits les plus magiques de New York
Vue magique sur le quartier sud des affaires avec toujours des drôles de couples venus là pour tourner des clips improbables.
Ma fille s’est prise pour un oiseau tandis que son frère méditait
THE diplôme
Raphael devrait essayer les escarpins. Mais la chemise blanche, ça fait plus sérieux que le polo bouffant.
Le groupe francophone
BELGIUM
Perelle est belge aujourd'hui. Après Depardieu, Perelle, où s’arrêteront-ils ? Je l’ai déjà dit ?
GROUPE CANADIEN avec Lova :
LE GROUPE BELGE
Bon, Pierre marie-toi un peu. Elle est jolie ta consœur.
LE GROUPE AFRICAIN
Mamadou Moustapha Kinde
(je crois Sénégal, mais pas sûr) qui m’a demandé de lui envoyer mon mémoire ; je lui ai promis de le mettre en ligne. Denti-site va encore me faire des histoires.
Manquent des étudiants. C’était jeudi soir et il faisait beau et on avait tous envie de faire des courses, de visiter, de prendre l’air.
PERELLE en crok et bermuda, chaleur étouffante à NYU.
Shooting sur DIDIER BESSON. Je parie que la photo sera encadrée et exposée dans son cab à Beausoleil. Faut juste que je pense à la lui envoyer.
BENOIT CARON, plus ancien aujourd'hui non alumnus, les contractions ont commencé, à mon avis l’accouchement est pour novembre. Allez Benoit pousse !
Pour finir sur une note négative ou positive à vous de juger
En 2015 : 36% des dentistes recommanderaient à un jeune leur profession (Info Dentaire de mai 2015). 64% leur conseilleraient de voir ailleurs. Ils étaient 53% en 2011. La note moyenne accordée à la profession libérale de santé « dans les années à venir » est de 3.9/10. Les chirurgiens-dentistes apparaissent comme ceux qui ont la vision la plus négative du futur : 3.1/10. Le % des désabusés augmente avec le temps.
Les chirurgiens-dentistes sont fortement préoccupés par les charges et la fiscalité, le développement des low-cost, les produits low-cost, le tourisme médical, la pression des mutuelles, le désengagement progressif de la sécu, la pénurie d’assistantes dentaires qualifiées, la formation permanente, le progrès effréné qui augmente leurs heures de travail, l’obsolescence programmée de leur outillage qui les oblige à investir en permanence, le tassement de leurs revenus, l’augmentation des charges, la maintenance informatique anarchique, le tiers payant, les procédures de contrôle et de contestation, le stress des exigences démesurées, la dégradation du respect vis-à-vis du professionnel de santé etc.
Ont-ils raison ou ont-ils tort ? Je n’ai pas de réponse. D’un côté oui, mais est-on mieux loti dans les autres professions ?
Mais je sais une chose : en France, ça reste toujours un métier fabuleux.
Je suis moins passionné par la science dentaire, la recherche, l’enseignement, l’université que par l’exercice de ce métier touche-à-tout où il reste tout de même une énorme espace de liberté et de plaisir, et pourtant comme tout le monde j’en ai bavé, j’en bave tous les jours et je sais que l’avenir est gris. Mais il y a 30 ans aussi, l’avenir était gris…
Comme tout le monde, tous les matins je me réveille en me demandant si en arrivant au cabinet je ne vais pas trouver un recommandé pour un contrôle sécu, URSSAF ou fiscal ou une plainte de patient ou un impayé ou une mauvaise nouvelle, un échec implant ou un truc qui a cassé et qui n’aurait pas du, un arrêt maladie ou une démission, une panne, une inondation.
Comme tout le monde j’ai peur pour ma santé, j’ai peur d’un AVC, d’un malaise cardiaque, d’une crise d’angor, d’une crise lombaire. Un de mes potes traine une capsulite depuis des mois. Il a vu des centaines de médecins et de guérisseurs, il a le bras en écharpe depuis des semaines, il vient de m’annoncer qu’il doit cesser le boulot alors qu’il a investi des tonnes dans une nouveau cabinet dans le plus beau 16ème.
On a tous peur d’un pépin comme ça. Plus le temps passe, plus on se réveille avec une petite — ou une grosse — peur au ventre.
On a tous peur que la CARCD fasse faillite, que les syndicats ou les mutuelles finissent par avoir notre peau de dentiste libéral.
Il y a des centaines de menaces qui planent au dessus de nos têtes.
On se sent fragile, vulnérable, plus cassant que la céramique qu’on scelle en bouche, moins adhérents que nos colles, on a peur de devenir obèse ou alcoolique ou dépressif ou suicidaire comme pleins de dentistes. Lisez le livre de Marc Bert qui parle des addictions de ces dentistes qui ont perdu pied.
N’empêche, malgré tout, il y a une chose qu’on ne m’enlèvera pas tant que j’exercerai c’est la passion qui accompagne celui qui va toujours de l’avant, qui veut toujours faire de son mieux, qui se sent utile et heureux dans ce qu’il fait.
Un jour il y a longtemps, très longtemps, mon métier ronronnait, j’ai senti que le pire des cancers c’était non pas tout ce qui précède, le pire qui détruit plus que tout, c’est l’ennui.
Un jour j’ai senti que si je n’allais pas toujours de l’avant, je finirais par m’ennuyer, je finirais par venir au cab juste pour ramasser la caisse.
J’en ai connu – j’en connais – des dizaines qui font ce métier que pour bouffer. Depuis la sortie de la fac, ils s’emmerdent. Beaucoup ont eu le courage de faire autre chose, de bifurquer tout en restant dans les parages, genre dentiste-conseil, certains moins aigris que d’autres, mais la plupart ont continué à s’emmerder et ont fini soit par faire du fric, soit par picoler, soit par mourir d’ennui, soit par sombrer.
D merci ce n’est pas mon cas et ce qui m’a rendu le plus fier, c’est ce que m’a dit mon fils il y a une semaine. Il m’a dit : papa là où je travaille les conditions sont mouises et mon travail ne me plait pas, je ne veux pas entrer dans cet engrenage de la médiocrité où je finirai par avoir honte de moi, je veux comme toi trouver un vrai équilibre entre travail en bouche, digne et honnête, et épanouissement personnel.
Ça c’est ma vraie récompense et je le dis d’autant plus librement que je sais qu’il ne lira pas ce blog.
Mon père (de mémoire bénie) depuis que j’ai 10 ans me disait sans arrêt : te casse pas la tête mon fils, dentiste c’est le plus beau métier du monde. Il fut mécanicien-dentiste pendant la guerre et apprenti prothésiste dans un cab à Tunis quand il fut démobilisé. Il rêvait que je réalise son rêve.
J’ai essayé de faire autre chose et chaque fois, il me disait tu ne trouveras pas un plus beau métier, et puis un jour j’ai décidé de lui faire plaisir à lui qui a eu des tonnes d’épreuves dans la vie, j’ai fait P1, j’ai réussi et j’ai vu qu’il avait raison.
Merci mon père
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Rendez-vous en novembre 2015
Il y aura
Docteur Chang (celui qui avait foiré une chirurgie sinusienne en directe)
Docteur Stephen Chu une bombe
Docteur Jalbout (encore ! on ira magasiner comme disent les québécois)
Docteur Vafiadis. Réservez vos places
Docteur Guido Sarnachiaro (connais pas, tant mieux)
Docteur Paul Fletcher (copain de Tarnow) Excellent.
+ Si on se débrouille bien : visite du cab de Tarnow ou
Au pire on visitera celui de Vafiadis
Gilles J.Y. Abitbol – PARIS JUIN 2015
Gilles.abitbol@gmail.com
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