extrait de la revue de la S.O.P.: Daniel Étienne : un maestro

Le MAG' Portrait d'un grand spécialiste de la parodontie

 

Le portrait de Daniel Étienne,

Docteur en chirurgie-dentaire et Maître de conférence

 

Daniel Étienne : un maestro

Un Maestro

 

Le latin mène à tout… y compris pour ceux qui n’en ont pas fait. Au motif qu’il a traversé le secondaire sans étudier la langue d’Ovide, Daniel Étienne, bac en poche, ne se croit pas autorisé à faire médecine et s’inscrit en dentaire.

Tout le personnage tient dans cette anecdote. Daniel Étienne est fait d’un bois paradoxal, qui allie une modestie inoxydable à une grande liberté. Sans parler du talent. En 1965, diplôme en poche, il entreprend un troisième cycle de recherche sur les protéines salivaires et exerce à Neuilly-sur-Seine pendant une dizaine d’années.

Jusque-là, rien ne le distingue du vulgum pecus. Mais c’est sans compter son intérêt, immense, insatiable, pour la parodontie. À l’époque, tout ce qui se sait et tout ce qui se fait d’important et novateur dans la discipline se situe aux États-Unis ou en Scandinavie. Daniel Étienne plaque tout et fait le grand saut, direction la Tufts University de Boston. Lesté d’une bourse d’étude de six mois, il y restera en réalité quatre ans et obtiendra, entre autres, un master de recherche sur les collagénases du fluide gingival. Il découvre la rigueur de l’enseignement ainsi que la pédagogie, très concrète et pratique, développée outre-Atlantique.

Il hésite un temps à poursuivre en microbiologie aux États-Unis, mais choisit finalement de rentrer en France , où il va travailler avec de grands noms de l’orthodontie et de la parodontologie puis ouvrir son cabinet dentaire – il y exerce toujours aujourd’hui – et y pratiquer une parodontologie qui ne connaissait pas encore l’implantologie et dans laquelle le traitement des maladies avancées associait fréquemment parodontie, orthodontie, endodontie et prothèse. Son expérience d’omnipraticien et sa profonde connaissance de la parodontologie sont le fondement de son expertise dans ce domaine. Assistant à Garancière en 1980 puis maître de conférences en 1989, il maintient une activité de recherche et se spécialise sur l’activité des polynucléaires neutrophiles sur les parodontites.

Peut être pour y trouver un début de réponse à ses interrogations quotidiennes de clinicien sur les déterminants de l’activité de la maladie parodontale...

Entre son enseignement à Paris et ses conférences en France et à l’étranger, il a ce quelque chose des grands maîtres à l’ancienne : Daniel Etienne est totalement investi dans sa discipline, où il compte parmi les meilleurs (sa modestie du-t-elle en souffrir), et a toujours regardé avec étonnement les certitudes de certains universitaires et autres stars des podium de conférences.

Son antienne lui ressemble : « La vérité du jour est le doute du lendemain », se plaît-il à répéter. Combien de concepts de traitement, de matériaux, de tests cliniques et de matériels a-t-il vu monter au sommet de la mode, pour tomber ensuite en désuétude ?

Entre affection et admiration, l’un de ses anciens étudiants confirme : « Ses cours ne ressemblent à aucun autre. Ce qui l’intéresse, c’est de rendre compte d’une complexité, pas de dérouler un savoir prémâché et simplifié. Lors de ses interventions chirurgicales, il est littéralement à la frontière du savoir scientifique et de l’exécution artistique, avec des inspirations que peu d’entre nous peuvent se permettre. » Pourtant Daniel Étienne admet quelques certitudes. Fort de son expérience et de son cheminement intellectuel, il considère aujourd’hui que « le contrôle de plaque parfait, à la limite du TOC, est le garant du succès des traitements ».

Aujourd’hui à la retraite universitaire, Daniel Étienne prend enfin le temps de s’adonner à sa passion de toujours : la photographie. Là où la vérité d’un instant n’est jamais celle du moment qui va suivre…

 

 

Sylvie Bassade-Hospice et Sylvie Saport