Novembre 2015

New York University

 
Ça devient lassant : chaque fois que je commence à rédiger le blog de la dernière session des islamistes commettent des actes de guerre autour de moi, me cassent le moral et m’ôte l’envie de raconter des trucs enthousiasmants. On descend d’avion le 9 et le 13 des fous remettent ça. De plus en plus de français parlent de laxisme, de démocratie inadaptée face aux défis modernes, de police incompétente. C’est vrai, après le 11 janvier, on s’est tous dit : le pouvoir politique va se fâcher pour de bon, les services secrets vont battre le rappel de tous leurs informateurs, il y  aura des descentes de police partout en Europe, plein d’arrestations, plein de garde-à-vue, on va être peinards maintenant, Hollande va prendre les bonnes décisions – c’est son intérêt s’il veut être réélu en 2017 – , décréter plein d’état d’urgence, on va voir des soldats patrouiller jour et nuit, des chasseurs alpins à tous les coins de rue avec des gilets pare-balles et des mitraillettes. Pour nous, la France c’est une super puissance et l’Etat Islamiste une bande de voyous déjantés, genre Mad Max mais sans Charlyse Théron. Eh ben non ! On a juste constaté que l’armée française faisait assidûment le pied de grue devant chaque synagogue, mais qu’elle est totalement impuissante face aux ceintures d’explosifs portés par des mecs pressés de faire connaissance avec leurs 70 vierges. Si après le 13 novembre, Hollande réussit à se faire réélire, ça voudra dire qu’il a la bonne méthode pour prendre les enfants du bon Di.eu pour des canards sauvages et que le Général aura eu raison de nous traiter de peuples de veaux. Mais on n’est pas encore en 17 et l’autre laxiste Sarko (ou Juppé) a toutes ses chances. Sans parler de Marine et de sa belle et jeune nièce. Marine présidente et Marion première ministre et nous on fait une razzia chez Samsonite et Delsey. Le choc des civilisations je veux bien mais sans nous. La Reconquista version 21ème siècle avec ses millions de migrants qui ne vont pas tarder à déferler franchement on se sent très peu concernés. Pas seulement en tant que dentiste. La sortie de Valls "sans les juifs la France ne serait pas la France" m’a fait doucement marrer. Pas sûr qu’il en reste beaucoup aujourd'hui des français qui aiment cette France-là.
N’empêche en France, doux pays de mon enfance comme chantait Trenet, la tendre insouciance va devenir une denrée introuvable. James Bond bat tous les records dans les salles. Pourquoi on ne l’appellera pas pour régler le problème ? Il en est capable, et puis il a du métier, ça fait plus de 50 ans qu’il sauve le monde en tuant tout le monde. On paiera ce qu’il faut même si ses honoraires sont hors nomenclature.
Quant à BHL – philosophe brillantissime au demeurant sauf quand il parle de religion et de métaphysique – en disant qu’il faut appeler un chat un chat n’a rien dit de nouveau depuis Huntington (The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order) et Houellebecq et sa Soumission.
Oui ok on est en guerre. Mais contre qui ?
Je vais dire quoi à mes lecteurs « je vous écris du front » une main sur le clavier et l’autre sur ma kalache en ruminant mon identité malheureuse ?
Guerre de religion ou défi culturel (Gilles Kepel dixit dans son dernier opus) j’ai promis de le mettre en ligne et je le ferai. Ça va prendre du temps, mais je le ferai.
D’autant plus volontiers que New York fut, cette fois encore, ma-gi-que. Oui, c’est vrai, c’est lassant à la fin de le répéter, mais que voulez-vous, quand le skyline apparait sur l'autoroute en venant de Newark c’est toujours le même pincement triomphal au cœur.
Pourquoi magique ? Plein de trucs.
Dans l’ordre d’apparition sur le blog :
1. Le séjour en lui-même dans l’hôtel (54ème et Broadway) – j’ai un peu oublié le nom, Marriott quelque chose, mais à New York les noms d’hôtels à force de se faire racheter sont souvent instables – le plus haut d’Amérique du nord. 63 étages, une vue dingue de Central Park à Time Square. Il y avait ma femme – ma flamme – qui commence à adorer New York, ma fille une inconditionnelle depuis sa plus tendre enfance et mon fils pareil, mais pour d’autres raisons, plus identitaires. Vraiment ce fut magique. Ça fait 15 fois qu’on y va, on ne se lasse pas. Vous voyez Deauville ?... Eh bien tout le contraire.
2. Stephen Chu, gaillard sympathique et talentueux, empathique, charismatique, passionné, heureux etc. Il me rappelle qui en France ? heu… personne.
3. Weisgold le papy, prodigieux, il doit bien rouler sur ses 80 printemps, je me suis senti gamin à côté de lui, ça fait du bien, j’aimerais bien être comme lui à son âge.
4. Dean Vafiadis, un des rares qui ne soit pas de l’équipe Tarnow, qu’on ne présente plus, le Sean Penn de la dentisterie, expressif, théâtral, facétieux, le dentiste cinémascope et hypervitaminé. Pareil : en France pas d’équivalent. Passerait pas les mailles de l’archaïsme.
5. Guido Sarnachiaro. Equipe Tarnow. On a l’impression que l’équipe Tarnow c’est un genre les Avengers. Ils ont tous leurs trucs.
6. Paul Fletcher. Aussi équipe Tarnow. Nous a régalés avec les péri-implantites, régalés et angoissés, mais moins que Froum.
7. Justement Froum !  le top du top : l’homme qui m’a emballé – et avec moi tout l’amphi, plusieurs centaines de chirdent – et qui a changé ma vision de l’implantologie, l’homme qui redoutait qu’il y ait des snippers dans l’amphi tellement il allait déballer des vérités inédites, l’homme qui valait à lui seul les 8000 kms qu’on s’est tapés pour être là-bas : Stuart Froum et ses stats mortifères.
8. les potes aussi. Lova qui lutte au Canada pour s’intégrer.
9. Ceux qui ont enfin présenté leur final report : Zina la soussienne, Benoit le tourangeau et Othmane le casablancais qui ne croit qu’aux centres (comme Mickael Elbaz) et qui a vu une chirurgie en live avec Tarnow chez Tarnow !
10. Raphi Bettach. Son incroyable constance en tout, en amitié, en présence à NYU, sa passion pour son métier, pour les voyages, pour les gens, pour ses implants. Il reste quoi pour le reste ? Un ange passe... Di.eu aidera !
11. les débats de novembre : les centres low-cost, les SELARL, quel modèle de cab pour le futur, le tiers-payant, collage ou implant, quel avenir en France pour le dentiste, pour le juif, pour le catho, pour le musulman modéré, pour le français diplômé d’Espagne, de Belgique ou de Roumanie ?
12. le week-end à Brooklyn avec les mêmes amis depuis 16 ans, un vrai série – saison 16 – de Woody Allen version relige ashké streimmel et peyots.

Donc NOU-YORQUE NOU-YOoooRQUE
Qui aurait cru qu’un jour un des (rares) lecteurs de ce blog me dise avec sérieux que je suis un « grand écrivain », qu’il lit mes blogs avec le plus grand sérieux et que mon approche vulgarisé fait le délice de son entourage pas du tout issu du monde dentaire ?
C’est ce qui m’est arrivé cette année, en ce mois de novembre, dans l’amphi de NYU. Mamadou Kinde est dentiste à Dakar. Ça fait 2-3 fois qu’il fait le voyage. Certes il n’est pas venu spontanément me le dire, il a fallu que je lui avoue que j’ai au cabinet une assistante d’origine sénégalaise pour qu’il embraye sur mon blog. N’empêche, ça fait super plaisir, pas qu’on me dise que je suis un « grand écrivain » – évidemment là-dessus je ne suis pas dupe – mais de savoir qu’au Sénégal j’ai un, voire plusieurs lecteurs qui m’apprécient.
D’ailleurs parait même que j’en ai un peu partout dans le monde. C’est mon webmaster, Stéphane Cohen, qui me l’a dit, lui-même le sait par Google qui met à  sa dispo des instruments pour mesurer l’audience de ses clients.
Cela dit si audience il y a, elle ne dépasse jamais 200 par mois. J’ai le temps avant que mes chevilles enflent.
Le temps de prendre ma retraite.

Donc HENEOUAILLOU
Peut-être la 10ème fois dans ce Collège of Dentistry 24th/25th et 1ère avenue.
Quand on aime, on ne compte pas.
Au début je ne voulais plus, j’ai eu un grand coup de blues. Dès qu’on est diplômé ça fait toujours ça, parait-il. Soudain on se dit ça suffit, j’ai passé l’âge – depuis longtemps – et puis j’avais réservé pour Rio.
Rio c’est un de mes rêves, Rio de Janeiro…
Le premier film que j’ai vu dans ma vie c’est L’homme De Rio. 1964. J’étais bébé, c’était à Tunis, juste avant l’exil, le grand départ pour la France, je découvrais Bebel le rebelle énergique (son personnage s’appelle Adrien… comme mon fils ainé), la poésie de Philippe de Broca et de son scénariste Jean Paul Rappeneau, le charme de Françoise Dorléac, le trésor des Maltèques, l’effrayant professeur Catalan et sa voix de fumeur, le musée de l’Homme du Trocadéro et Rio… et aussi les insomnies car Dorléac droguée m’empêcha de dormir pendant 6 mois. Pour moi petit minot dans les années soixante c’était certes un film extraordinaire, mais pas du tout une comédie.
Donc Rio, Sofitel suite avec terrasse avec vue sur Copacabana, mais Raphael Bettach sut trouver les mots pour me décider à annuler. Fort ce Raphi ! Remarquez, il me – nous – suffit de penser à New York pour avoir aussitôt envie de décoller.
Bon l’avion
Openskies ou on essaie autre chose ?
J’ai comparé et j’ai dit à ma femme cette fois-ci on essaie La Compagnie.

La Compagnie – j’aime pas trop le nom, allez vous renseigner auprès d’un américain avec un nom pareil !  – c’est un avion bleu moche avec 75 places. Que du business. Sur le site, ils promettent monts et merveilles. Même un chauffeur privé à l’arrivée.
Qu’en est-il au final ? Chauffeur privé c’est en projet, m'ont ils promis. Pour le reste : c’est un peu mieux qu’Openskies. C’est vrai qu’on s’allonge beaucoup plus horizontalement – 175° – et ce sans écraser le voisin de derrière, car le siège se mobilise dans une coque immobile, la bouffe est aussi bidon que chez les Britishs, les hôtesses c’est kif-kif avec en prime un retard de 4h à l’aller à cause d’un brouillard dingue sans parler que le terminal 1 de Roissy est en méga travaux avec peu de boutiques et d’un accès compliqué. Prochaine fois, on reprendra British Airways. Dans le terminal, on a cherché en vain une pharmacie parce qu’une copine de ma fille avait besoin d’antibio pour calmer l’éruption de sa dent de sagesse. Aucune pharma après le passage de douane. Il a fallu ressortir ! Un comble. Prochaine fois Openskies-Orly Ouest. Déjà dit.
J’ai raté la première journée, car comme je m’étais décidé à la dernière minute je n’ai pas réussi à avoir de billet le dimanche à un prix décent,
J’ai même raté le lundi après-midi à cause du brouillard.
On a appelé nos cartes de crédit pour savoir si elles prévoyaient un dédommagement. En rêve. Premier, Infinite, Gold, Diamond, Supervisa tous ces trucs ne servent qu’à enrichir les banquiers, salariés d’organismes qui servent de moins en moins à quelque chose en dehors de leur auto enrichissement.

Donc j’ai raté le docteur Chang et je n’ai trouvé personne pour me faire un débriefing. Parait que c’était des basics. Admettons.

On est arrivés à l’hôtel, fourbus. Il faisait déjà nuit. On nous a mis au 40ème étage vue ville. On était tellement cassés qu’on a à peine remarqué qu’une fois de plus on ne nous avait pas attribué la chambre que j’avais réservée. Ils le font peut-être exprès. Allez savoir.
Juste avant de m’endormir je me suis vaguement promis d’aller faire un scandale le lendemain matin.

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Lundi moi pas là, donc pas là non plus sur la photo.
De toute façon, les photos de groupe je suis rarement dessus, souvent parce que c’est moi qui les prends ou parce que je suis dehors pour prendre l’air.
Sur celle-là il manque quand même Pierre Koumi, Michael Elbaz et moi. Autant dire les piliers.

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Mardi 4 novembre 2015
Docteur Stephen Chu

Mais avant la conf de Chu, la matinée fut consacrée aux FINALS REPORTS de trois étudiants.

En premier Zina Benzina responsable NYU pour la Tunisie. Exposé brillant. Les femmes étant franchement sous représentées dans cette spécialité la performance vaut d’être saluée, et elle est d’autant méritoire que Zina fit le déplacement avec son bébé et son mari. Zina est maintenant mariée, un beau gosse souriant et si j’en juge par son dévouement tout le long de la semaine, extrêmement compréhensif vis-à-vis de sa chirurgienne de femme qui a tenu à assister à tous les cours. J’en étais presque gêné pour lui.
Autre détail bluffant : elle fera son speech en anglais, sans hésitation et sans faute ! En Tunisie comme dans tous les pays où dès le départ on parle 2 langues (pour elle ce fut, je suppose, français et arabe) c’est autrement plus facile que dans ces pays comme la France où on déteste les langues étrangères. Sans parler de la qualité de ses cas chirurgicaux et de son iconographie. Je n’ai pas trop suivi la présentation, juste regardé les photos car j’étais trop occupé à en prendre justement. Zina me dira plus tard que la Tunisie est en crise, – surtout depuis l’attentat de Sousse, forcement pas loin de son cab – que l’implant + pilier + couronne sont à 750€ d’où le tourisme médical (oui, mais ce n’est pas du Straumann), que le smic est à 150€, qu’elle envie les tarifs de notre Europe. 750€… ça tue !

Ensuite Othmane Mikou, un des plus sympas.


(Parait que c’est le prénom du 3ème calife, ça ferait presque super héros)
 Exposé en français bien qu’anglophone. Othmane très classe, propre sur lui,  brillant. Je trouve que les jeunes d’aujourd'hui sont épatants ou c’est moi qui prends un coup de vieux ou les 2. Othmane nous a raconté une petite anecdote ou plutôt 2. La première c’est qu’il a vu Tarnow poser un implant dans son cab d’Upper West Side avec un chirdent pour faire l’anesthésie, Paul Fletcher pour faire l’extraction et lui juste arrive pour forer et placer l’implant, ensuite Fletcher revient, pour la greffe conjonctive et les sutures : 7000€. Sans les pourboires qui à New York, comme chacun sait, sont obligatoires. Il nous a ensuite raconté ses 2 restos avec Vafiadis, le 2ème c’était à Paris. Vafiadis lui avait promis de l’appeler quand il y serait et il l’a fait. Ça m’a paru incroyable toujours par rapport à mon éternelle manie de comparer Paris et New York. Othmane va bientôt s’installer au Maroc dont il est originaire. Il va ouvrir un centre de 10000m² avec 200 dentistes  et faire un million de dinars de CA par heure. Il croit beaucoup aux centres. Gros débat j’y reviendrai. Et comme parait-il  sa famille est proche de la famille royale, je crois sincèrement qu’il y arrivera. Bonne chance à toi !

 

 

Benoit Cayron

 Ce diplômé de Reims exerce à Tours. Lui aussi bluffant comme les autres. Raphi n’a pas oublié de rappeler que quand il est arrivé à New York il ne posait pas d’implant. Il a tout appris pendant  NYU. Sa charmante femme, son fils et son incroyable anorak rouge ont fait le déplacement.
Moment très sympa. Excellente ambiance même avec les espagnols.
Trop forts ces espagnols. Ils ont réussi à obtenir de Ken Beacham qu’on refoule les francophones en bas de l’amphi. Du coup un jeune spanish à lunettes d’écailles m’a piqué la place que j’occupe depuis 2009, tout en haut à côté de la porte : la meilleure.
Blague à part, à un moment on est parti voir Ken pour lui demander pourquoi il y avait une telle hétérogénéité dans les confs – comme on va le voir avec Weisgold où on a tous failli se pendre – il nous a répondu : les espagnols sont tous débutants, la plupart ne pratique pas encore l’implantologie alors que vous les français vous êtes tous des praticiens confirmés et comme il faut faire plaisir à tout le monde.
Ok man… moyen comme réponse ; il s’imagine peut-être qu’on aime tellement New York qu’on est prêt à avaler toutes les couleuvres. Il n’a pas tort Kinou. Cela dit, révision des fondamentaux, c’est toujours utile.

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Microesthétics déterminants for teeths and implants: tooth size and individual proportion

L’après-midi ce fut Chu, pratique universitaire, et privée, marié 2 fois, 4 enfants  dont le dernier encore bébé lui ressemble comme 2 gouttes d’eau, parait-il. Cabinet de folie à 3-4 blocks de Central Park, tarifs hallucinants. Il est heureux, il a réussi sa vie, ses enfants d’exception, son divorce, son remariage avec une bombe, dentiste comme lui et en plus son père a une bonne tête. C’est comme ça qu’il s’est présenté, c’est comme ça qu’ils se présentent tous. Incroyable Amérique.

 


Equipe Tarnow.

Denis Tarnow amateur de gastronomie française et de bien d’autres bonnes choses est le 3ème en partant de la droite. Est devenu chef de service d’implantologie à Columbia University après s’être fritté avec NYU qui n’a pas visiblement les moyens de lui en vouloir sinon ils auraient débaptisé tout ce qui porte son nom dans l’immeuble et ses disciples n’auraient pas accepté de défiler à NYU au département de la formation continue.


Chu n’implante pas. Il est Prosthodontist, ne fait que la prothèse et il l’a fait super bien.
Il l’a fait tellement bien qu’il a même créé des guides de morphologie, car il considère que la morpho dentaire suit une logique propre à chaque individu. Chaque bouche a son style et chaque style s’harmonise à la cinématique mandibulaire, à l’appareil neuromusculaire, au type morphologique du squelette. D’où son idée de créer des guides qui nous permettra de retrouver les morphos d’origine au moment de la réhabilitation.
Son dada c’est l’aménagement des softs tissues pour permettre l’intégration de ses morphologies.
Là-dessus c’est un virtuose.
En fait mon gros problème en implantologie, et je pense que c’est le problème de beaucoup de praticiens, c’est l’aménagement des softs tissues et le profil d’émergence. Au début je m’en foutais comme tout le monde.  Depuis quelques années la perspective d’une émergence inesthétique à cause d’une grosse dépression vestibulaire me faisait quelquefois préférer les bridges (car on pouvait jouer sur le pontique) à un traitement par implant (évidemment quand les 2 indications étaient équivalentes). Et puis on s’est mis à parler de greffe conjonctive, de R.O.G  et de greffe autogène. Ça ne m’a satisfait qu’à moitié, car en plus du surcoût que beaucoup de patients ne peuvent pas assumer, il y avait la pérennité du traitement. N’est-ce-pas Adi Palti à NYU même il y a quelques années qui a dit que les greffes conjonctives ne duraient pas dans le temps ? Alors les praticiens ont commencé à travailler sur l’aménagement pré et per implantaire, rarement post. Une fois que les softs tissues ont cicatrisés c’est trop tard pour ce type de technique.
Sarnachiaro et Vafiadis vont nous en parler et reparler. Nous souler même.
La perte de volume dans le secteur esthétique est inacceptable, le praticien a le devoir de gérer sa préservation. Par tous les moyens !
Tarnow. Expérience à gauche avec aménagement et à droite sans. Eloquent !

 
 

Piliers provisoires ou transferts ou porte implant transformés en pilier provisoire ou coquilles préfabriquées ou sur mesure vont servir à prévenir l’effondrement des tissus.

 
 

 

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Mercredi 4 novembre 2015
Docteur Arnold Weisgold


The interplay between periodontics, restorative dentistry and implant dentistry

Arnold a pris le parti de revenir aux fondamentaux pour faire plaisir aux espagnols.
On ne peut pas l’en blâmer, mais il a fait un cours de 5ème année. C’était un peu rébarbatif sauf pour les pubères madrilènes qui se sont régalés. Enfin, je le suppose.
On a bien essayé de discuter avec Ken, mais les hispaniques furent plus convaincants et surtout plus nombreux. Faudrait que je vérifie. Cette fois-ci ce n’est pas sûr.
En gros Weisgold revient aux fondamentaux de cette dentisterie originelle dans laquelle la paro avait une place d’excellence.
La paro de nos parodontistes d’antan n’est pas si dépassée que ça, car encore aujourd'hui il y a toujours une maladie parodontale multi factorielle qu’il faut traiter, il y a une hygiène qu’il faut enseigner, il y a des dents qu’il faut préserver, sauver, conserver, soigner.
La dentisterie que j’ai apprise dans les années 1980 c’est celle que j’ai pratiquée jusqu’à ce que l’implant arrive et ne fasse table rase.
Cette dentisterie faite de paro, d’endo au microscope (ou pas) avec digue et d’une prothèse de très grande qualité sur une empreinte aux hydro réversibles est en train de disparaitre, mais peut-être pas définitivement. Il y a encore des poches de résistance. Sans jeu de mot.
Au début de ma carrière, j’ai essayé de me faire une petite place entre 2 correspondants référents pour moi, Daniel Etienne et Pierre Machtou. Ça marchait bien, mais j’avais un gros travail commercial à fournir car étant installé en banlieue je peinais à convaincre les patients d’aller dans le 16ème puis à revenir à Vanves, mais j’ai en mémoire des super plans de traitement avec des résultats somptueux qui ont duré des années alors que tout en apparence était perdu. Ce type de dentisterie a duré une bonne quinzaine d’années jusqu’à ce que Branemark vienne tout bousculer. Entretemps Machtou était devenu PU-PH (et célèbre… et riche…), ferma son cab de la rue Sontay, sa collabo s’exila sur la côte d’Azur avec l’homme de sa vie et Daniel Etienne embaucha pour déléguer la paro classique et s’occuper essentiellement d’implantologie, discipline nouvelle cruellement chronophage, mais ô combien lucrative. Personne n’est à blâmer, tout le monde s’y est mis, on croyait tous avoir trouvé le graal.

Le problème de la paro à l’époque, c’était le bilan qui suivait la préparation initiale : Daniel Etienne ne s’aventurait pas si le patient n’avait pas un contrôle de plaque irréprochable car sans ça (en fait une prise de conscience) le traitement était presque toujours voué à l’échec et la responsabilité retombait invariablement sur lui. Et puis un jour le progrès aidant sur le biofilm persistant est venu se crasher l’implant qui a encouragé tout le monde à laisser les dents se parodontolyser. Le patient paro-inconscient devenait le candidat idéal à l’implantologie. On ne se rendait pas compte à l’époque, mais financièrement c’était imparable et le premier ravi c’était le patient.
Le patient a toujours été très demandeur d’une dentisterie où on ne lui demande aucun effort d’entretien. En dentisterie classique ça pouvait le faire, pas en implantologie.
Quand l’implant est arrivé hormis les classiques contempteurs de toutes innovations fussent-elles révolutionnaires, tout le monde a sauté de joie, surtout ce patient qui s’imaginait qu’on lui offrait une nouvelle chance, une 3ème denture ou dentition (le désenfouissement pouvant passer pour une éruption). A la place de sa dent disparue une racine usinée en titane qui ne demandait autant d’entretien qu’une prothèse de hanche. On brosse ses dents, mais pas ses implants. Un implant ça ne se carie pas ! Quelle erreur !
Les nouveaux implanto se gardèrent bien de claironner que ce n’était pas exactement ça la réalité, mais le savaient-ils seulement ? Quand on a commencé l’implantologie on ne connaissait pas la péri-implantite. Pour nous le seul échec c’était l’implant qui ne prenait pas et rien que ça c’était déjà l’horreur.
Dans l’histoire de notre métier c’était la première fois  qu’une pièce prothétique était fabriquée par des groupes industriels qui disposent d’énormes moyens financiers. Aucun labo de prothèse n’aurait pu entretenir un lobbying aussi puissant que les grands fabricants d’implants ; et c’est pire aujourd'hui car ils se regroupent. Zimmer a absorbé Biomet, Dentsply a fusionné avec Astra, Nobel Biocare a racheté Alphabio et la concentration ne fait que commencer. Et pour se promouvoir ils financent des études dirigées par les plus compétents. Mais peut-on à la fois être juge et parti ? Qui aurait les moyens à part eux de financer ces études multicentriques ? Même si elles sont dirigées par des vrais scientifiques, le résultat est biaisé. On en reparlera certainement.

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Mercredi 4 novembre après-midi
Docteur Dean Vafiadis

Vafiadis c’est une star, il a tout fait pour devenir une star, il mérite d’être une star. Il a tout : le charisme, le gout du risque, le charme d’un latin lover, une voix de crooner, le sens de l’humour, un don d’esthète, une sympathie naturelle, la culture et l’amour du beau et des belles américaines.
Vafiadis ne soigne pas, Vafiadis crée en transformant ou transforme en créant. Vafiadis rend encore plus beau ou encore plus belle. Vafiadis est un artiste. C’est un humaniste qui aime les gens.
Cette fois-ci, entre autres sujets, il nous a parlé comme le docteur Chu d’aménagement tissulaire.
Il a raison. En tous cas, dans ma pratique je reconnais que de ne pas pouvoir le faire me manque terriblement, mais ça représente un coût et déjà qu’il m’arrive souvent de ne pas compter une ROG parce que je ne l’ai pas prévue et que j’ai honte d’interrompre un chirurgie pour faire un devis au patient qui a la bouche en sang, si en plus il faut gérer le profil d’émergence avec une empreinte, des coquilles, un pilier provisoire et une heure de plus ça fait beaucoup. Disons qu'il faut le faire quand c’est indispensable. Un implant à New York c’est entre 5 et 10 K$, en France entre 1.5 et 3 K€ et les prix ont tendance à se tasser à cause de la concurrence insidieuse des centres low-cost et du tourisme médicale. Depuis quelques temps il y a un climat délétère sur les tarifs entretenu par les mutuelles qui cherchent depuis toujours à nous culpabiliser. Ça s’est aggravé depuis l’arrivée des socialistes fossoyeurs de la dentisterie libérale.

 

Vafiadis raconte : un patient débarque dans son cab – je précise sur la 5ème avenue (Champs Elysées x 10, en longueur et en luxe), assistante dentaire mannequin et tout. Dean lui demande : que puis-je pour vous ? Le mec répond : j’ai perdu ma dent de devant. Vous pouvez pas m’en remettre une autre, ça me gène pour parler. Il va passer une heure à lui expliquer l’absurdité de sa demande.

Et ça se termine comme d’hab en Amérique : le mec repart avec une bouche de folie à 70 K$, épouse un mannequin et fait fortune. Success story. Vafiadis c’est dieu.
Ses cas sont fabuleux. Il utilise le système Encode de Biomet, un capuchon de cicat avec des encoches et des entailles, on prend une empreinte alginate et la séance suivante on scelle couronne et pilier sans retouche.
Sa panoplie est complète. Encore plus bluffant, son cab est séparé de la salle d’attente par une cloison vitrée donc on peut tout voir de son fauteuil. Ce mec est dingue.

 

La fille avait une telle confiance en lui qu’elle s’est affiché édentée sur Facebook – j’ai pas eu le temps de prendre la photo – tellement elle était persuadée qu’il en ferait une star après la pose de sa Céram sur implant. Totalement indécelable !!!! C’est une des 2 centrales. Je ne sais plus laquelle. Peut-être c’est Vafiadis que mon père z.l. voulait que je devienne.

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Jeudi 5 novembre  2015
Docteur Guido Sarnachiaro
Immédiate implants in the aesthetic zone
Equipe de Tarnow

 

Sarnachiaro est un jeune praticien qu’on voit pour la première fois, pas très à l’aise, plutôt même sur ses gardes, très scolaire, pas super sympathique, mais il connait son sujet qui est en fait le même pour tout le monde.
En fait l’implantologie aujourd'hui ça consiste à éviter à tout prix de faire n’importe quoi car les bêtises ne se rattrapent pas et l’os qu’on perd ne reviendra pas et bien que beaucoup d’études montrent qu’on ne gagne rien à faire des extractions-implantation-immédiate il semble que le praticien d’outre Atlantique continue à préférer implanter quand c’est favorable, quand c’est facile, quand l’extraction est aisée, quand la furcation est belle, quand on n’a pas besoin de toucher l’os, quand on a une belle table externe, quand les racines se laissent faire, quand l’alvéole est propre,  alors oui on va placer l’implant, on va aménager les tissus périphériques et ça coute un bras au patient.

 

 

Technique maintenant bien rodée d’une programmation pour une émergence compatible avec l’esthétique des dents antérieures au cours d’une extraction implantation immédiate avec mise en charge immédiate.

 

1. prise d’empreinte avant extraction
2. coulée de résine dans l’empreinte

 

3. pour fabriquer une coque

 

4. Extraction
Et mise en place de l’implant

 


5. Mise en place du pilier, de la coque et on rebase le tout

 

6. Mise en place de la provisoire dont on confectionne à la résine le contour périphérique.

 


7. Résultat à 3 mois

Comme on dit dans certaines peuplades : après, c’est du boulou de faire une dent de folie.

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Jeudi 5 novembre après-midi
Dr Paul Fletcher
Équipe  et associé de Tarnow


Rappel des différents types de surfaces. Intéressant. Je croyais que c’était soit sablé soit sablé mordancé. Je me trompais. Une petite remarque : le double mordançage sans sablage de Biomet il y a quelques années entraine moins de péri-implantites que la surface SLA sablé-mordancé. Il y a 8 ans on a abandonné Biomet à cause d’échecs suspects, 8 ans après, les patients qui reviennent en contrôle nous montrent des résultats fabuleux. Comme quoi…

 
 

Transition idéale : les péri-implantites.
Comment les traiter.

 

C’est là où l’implantologue moyen est le plus erratique, le plus hésitant, le plus inexpérimenté, le plus irresponsable.
S’il faut 5 ans pour faire un bon implantologue il faut au moins 5 ans de plus pour en faire un bon post-implantologue – à condition qu’il le veuille –, car les ennuis – les vrais – commencent après 10 ans (mon expérience). Je dis les vrais ennuis, car la perte d’implant même tardif n’est rien comparée aux complications, autrement dit les problèmes qui surviennent sur des implants qui tiennent encore très bien.
Et en ce qui concerne la partie financière, il est beaucoup moins facile de vendre une thérapie pour péri-implantite qu’un traitement implantaire.
Et le protocole est complexe et demande beaucoup d’expérience.
C’est pourquoi le diagnostic doit être le plus précoce possible. Plus on attend, plus on sera obligé de de recourir à une chirurgie très incommodante avec dépose de la couronne, dépose du pilier, quelquefois de l’implant lui-même ou d’une partie, avec ou sans lambeau, ROG, ré-enfouissement etc. Et c’est pire si on a opté pour une prothèse scellée.
En sachant au final qu’on n’a pas encore trouvé de thérapie miracle. J’ai lu dans une revue que la meilleure réostéointégration se fait sur des implants texturés. On marche sur la tête : ce sont les implants texturés qui induisent le plus de péri-implantites.

 

 

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Ken Beacham nous montre son merveilleux sourire E-Max fait par le docteur Chu.
Fletcher aussi a des facettes, mais elles ne sont pas terribles.
C’est marrant à New York non seulement les dentistes et ceux qui gravitent autour d’eux n’hésitent pas à se faire coller des facettes, mais en plus ils s’en vantent.
En France on n’en est pas encore là. En tous cas pas moi, mais ça pourrait venir. Mon associé me dit que même un éclaircissement rajeunit le praticien.
Raphi tu veux que je te fasse des facettes ?

 

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Vendredi 6 novembre 2015
26th annual NYU/ICOI implant symposium
Docteur Stuart froum

 

et d’autres
Amphi Septodont

 

Ce vendredi il n’y eut pas de cours, mais on fut tous invités au congrès annuel de NYU.
Vous parler de tous serait trop long et en plus j’ai pas la place. Je vous parlerai juste de Stuart Froum car ce fut le plus impressionnant.
Froum c’est l’ashkénaze typique de New York, mélange de Groucho Marx (calvitie et moustache) et de Woody Allen (humour caustique, pince sans rire), doit avoir pas loin de 70 ans à en juger par les baskets qu’ils portent avec son costume cravate (cravate rouge kitsch comme d’hab chez les New-Yorkais) et par ses cheveux teintés.
D’emblée, il fait mine de scruter la salle. Il nous dit craindre la présence de snippers car ce qu’il va nous dire ne sera pas du tout du goût des fabricants d’implant.
Et pourtant il le dit haut et fort : les études implantaires parce qu’elles sont réalisées par les fabricants sont à très forte teneur de partialité et de parti pris. Cette phrase eut l’effet d’une bombe.
Il dit aussi que l’implant n’est pas la panacée universelle, qu’il a énormément d’inconvénients, qu’à 10 ans il y a 50% de complications. Il fallait du courage pour le dire. Du courage et de la notoriété. Des 2 Froum en a revendre.
 
Les complications à terme sont les suivantes

1. Faute iatrogène. Le dentiste rate ou sa pose ou sa prothèse. Et ça se complique avec le temps. Et si le patient ne quitte pas la région, reste en vie et a un bon avocat, ça barde. L’implant c’était l’or des ruées du Far West. Ça a attiré les vautours mais ça a aussi ruiné des carrières et bousillé la vie de dizaines de patients.

Faire le guignol au USA peut couter des millions de $. Et l’assurance ne paiera pas.

 

2. Fractures de l’implant du pilier ou de la vis, la plupart du temps c’est un défaut dans le plan de traitement, on est passé à côté d’un bruxisme, d’une mauvaise hygiène, d’une parodontite ou d’un mauvais réglage d’occlusion.

Et enfin :

3. Mucosites et péri-implantites.

Causes :

1. Manque de suivi
2. Mauvais diagnostic ; toujours ces praticiens qui ne savent ou ne veulent pas voir une mucosite qui débute, qui n’osent pas le dire au patient. Votre implant a un problème et ce n’est pas de ma faute, il faut traiter, une Mucosite c’est réversible, une péri-implantite ne l’est pas. Il faut faire du laser, des irrigations, des débridements, des nettoyages. Ça coute cher. Le chirurgien-dentiste n’ose pas surtout en France où souvent le patient – contrairement à la prothèse traditionnelle – a sorti l’argent de l’implant de sa poche et est tenté d’accuser le praticien d’avoir fait un mauvais travail ou de ne pas croire le praticien car pourquoi le croire alors qu’on ne sent strictement rien. Je vous assure tout va bien, je ne sens rien, l’implant est impeccable, je mange dessus, normalement, j’ai même oublié où il est, combien une séance de laser ? ah oui quand même ! Ecoutez,  ça tombe mal en ce moment, ça ne peut pas attendre ? Vous êtes sûr que c’est indispensable ?
Le dentiste : ok on se revoit dans 2-3 mois pour faire le point. Et le patient repart tout content et reviendra un an après avec un péri-implantite.

77% de survie après 10 ans soit 23% d’échecs définitifs

A un praticien qui lui dit je ne rencontre pas beaucoup de complications Froum répond sèchement, mais avec un petit sourire dans le regard: « tu ne dois pas poser beaucoup d’implant, tu n’as pas un vrai suivi, tu n’as pas mis en place un call back pour tes patients, tu ne fais pas un vrai examen de contrôle, tu ne sais pas le faire, fais contrôler tes implants par un autre praticien, tu seras étonné du résultat ».

Et Froum ajoute : « En 2016 aux USA on posera plus de 2.500.000 d’implants vous n’imaginez pas ce que peuvent représenter les complications surtout que dans beaucoup de cas il n’y aura pas d’autres chances d’implanter simplement. On forme les praticiens à poser des implants souvent mal, mais personne ne les forment à gérer les complications. »
Aux USA on ne plaisante pas avec les complications surtout quand il y a des séquelles. A bon entendeur.

Les péri-implantites c’est la prochaine bombe qui va nous tomber sur la gueule.
Aujourd'hui il y a un vrai consensus là-dessus.

 

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Vendredi après-midi,
samedi 7
Et dimanche 8 novembre 2015

Week-end chez Jacqueline et Jerry dans leur immense maison de Midhood avec leur fils et sa famille. Week-end sans histoire. Les Weiss sont toujours aussi incroyablement hospitaliers. Seule changement il semblerait qu’ils aient stabilisé une nouvelle housemaid, Tamicha, une jamaïquaine très rigolote, très rasta. Attention ce ne sont pas ses vrais cheveux. Evidemment.
 

 


Un mot sur Uber

Attention les Uber n’ont pas que des avantages ; ils sont souvent plus chers et plus incorrects qu’un taxi normal.
Une petite anecdote : je veux commander un Uber pour mon fils qui doit prendre l’avion. On m’annonce attention pour Roissy surtaxation, environ 80€. Je dis à mon fils : ils sont dingues, je te commande un Uber pour la Place de l’Etoile, de là tu prendras la navette classique pour l’aéroport. Il embarque dans son Uber et arrivé à la place de l’Etoile demande à tout hasard au chauffeur combien ça lui couterait pour aller à l’aéroport. Le chauffeur lui dit 40€. On est loin des 80€. Il dit ok. Arrivé à l’aéroport il quitte son taxi. Sur mon iPhone, je vois s’afficher un débit de 80€. J’appelle, j’explique, on me dit : il fallait consulter l’écran. Je leur réponds mon fils n’avait pas d’écran de contrôle et le chauffeur qui en avait un n’a pas jugé utile de consulter le sien. Ils sont d’accord et acceptent de m’appliquer le tarif de 40€.
A ce jour ils ont débité 80€ et ne m’ont toujours pas remboursé. Un taxi normal m’aurait couté moins de 40€.
A New York de Brooklyn jusqu’à Newark Uber m’affiche un devis de 230$. Jerry n’en revient pas : they are crazy, s’écrie-t-il, je connais une compagnie beaucoup moins chère. Effectivement je n’ai payé que 100$ et avec la même catégorie de voiture. Hélas j’ai oublié dans l’euphorie de lui demander le receipt pour déduire le taxi.
Retour sans problèmes.

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Pour conclure

La dernière promo 2015 d’hygiénistes  à NYU. A American Dream.

Une hygiéniste pendant un détartrage qui ne coute pas 28€  comme en France. Vous l’aviez compris.
 

Quel chirurgien-dentiste français ne rêve pas d’avoir une hygiéniste ? Lova le franco-canadien expatrié m’a raconté comment ça se passe à Montréal.
Si j’ai bien retenu ce qu’il m’a dit : dans les cabinets dentaires montréalais le patient qui arrive à son premier rendez-vous est d’abord pris en charge par un (une) hygiéniste qui va faire le diagnostic, le plan de traitement et l’assainissement, puis il passe entre les mains d’un coordinateur (qui n’est ni dentiste ni hygiéniste, une sorte de manager) qui fera le devis et l’entente financière et ensuite en fonction des compétences des différents chirurgiens-dentistes du cab il dispatchera. Notre ami Lova au début fut bien malheureux car on ne lui donnait à lui cet implantologue confirmé venu de Paris que des trucs basiques. Il a du faire ses preuves. Il m’a même avoué qu’il venait à New York régulièrement pour leur montrer qu’il était un vrai passionné d’implantologie.
Nous, en France, on a beau en rêver, ça ne vient toujours pas. Comme l’a écrit dans son édito le docteur Hanau, président de l’Ordre du 92, nous assistons une dérive mercantile du métier. Des non-dentistes sont aujourd'hui autorisés à faire du fric avec les patients, à créer des centres low-cost, à faire de la pub. Comme ils ne font que ce qui est rentable forcement ils rentabilisent au maximum, et puis le docteur Hanau parle aussi du contournement du numerus clausus, cette mesure absurde qui empêche un brillant étudiant Marseillais de réussir P1 avec 13 de moyenne et autorise l’exercice du métier à un médiocre qui n’a pas le courage de se mesurer à une université française et est allé se faire diplômer en Belgique ou en Espagne ou au Portugal où du moment qu’on paie on est très complaisant.
Mot d’ordre des gouvernants : en France la santé doit être gratuite même si on doit faire disparaitre la médecine libérale, même si on la rend inhumaine, même si elle devient médiocre, même si les CMU dérentabilisent les cabinets en abusant de leurs droits, même si de brillants praticiens ne sachant plus comment exercer correctement leur métier se tournent à leur tour vers cette pratique vénale en centre médical rationalisé type loi 1901.
On n’a pas arrêté d’en parler à New York pendant les inters cours. Les jeunes aujourd'hui ne rêvent que de centres avec 8-10 fauteuils dirigés par des gestionnaires qui ne sont ni dentistes ni prothésistes et qui n’ont pas qu’une consigne donnée par ceux qui ont mis les fonds dans l’affaire : faire du fric à tout prix. Ils le disent : la qualité des soins, le relationnel patient-praticien on s’en tape. Notre cible : le patient qui veut d’abord des prix cassés. Ce discours est d’autant plus incroyable qu’il semble inattaquable par le code de déontologie et notre Ordre. Parait que c’est comme ça depuis Bachelot ministre de Sarko. Comme quoi il n’y a pas que la Gauche.
Mon avis, même si je ne suis pas prophète. Ce type de dentisterie se cassera les dents contre le mur de la réalité et peut-être contre la loi. La réalité c’est la culture française, certes le patient rechigne toujours à payer, mais il ne renoncera pas à la qualité.  Il a encore besoin d’un peu d’éducation que sa santé a certes un coût mais n'a pas de prix. Gageons que ce virage va les aider à comprendre que la santé – leur santé – ne peut pas être un business aux mains de gens qui n’y comprennent rien et qui s’en fichent.
J’en fais le pari malgré la Gauche gauchisante, malgré Touraine et son tiers-payant toxique, malgré Macron et sa déréglementation, malgré la probable réélection de Hollande, malgré les contrats mutuelles « responsables », que ça ne marchera pas. Maître Vassal avocat du conseil de l’Ordre (et aussi l’avocat de notre SCM) nous l’a dit : ce type de centre à but très lucratif contourne la loi en pratiquant l’abus de droit. Tôt ou tard ils se feront pincer. Ça commence déjà.
Je fais de l’implantologie depuis longtemps. Chaque jour je prends conscience, mes confrères avec moi, que ce métier est un art difficile qui en plus de la passion, en plus des énormes sacrifices qu’il nous demande, exige probité, bonnes mœurs et honneur. Ceux qui l’ignorent en paient tôt ou tard le prix. Mais ce n’est rien par rapport au prix que vont payer les patients de ces centres et leurs créateurs. On dit que la France tombe depuis des années, c’est vrai, je le vois, je le constate, ça m’afflige, mais je ne sais pas pourquoi : je garde espoir.
J’ai commencé ma vie professionnelle avec un président qui s’appelait François en 1981, 35 ans après il y a toujours un François au pouvoir, peut-être même vais-je prendre ma retraite avec le même François, mais entretemps le métier aura beaucoup changé, pire que changé : le métier aujourd'hui est comme défiguré, en tous cas on ne l’a pas amélioré ! Même si la dentisterie a fait des progrès extraordinaires. Hélas aujourd'hui les étudiants en sortant de fac ne se voient plus responsables d’un cab.
En 1981, les chèques étaient déjà barrés grâce à Giscard qui haïssait le corps médical, – des dentistes aujourd'hui à la retraite ou probablement morts qui exerçaient dans les années 1950-1960 me racontaient ce paradis fiscale locale ainsi que l’évaluation administrative en matière d’impôts. Je n’ai jamais connu cette époque où le dentiste s’enrichissait sans risques, mais dans les années 1980 la pratique du métier était encore supportable, le SNIR était déjà là, mais personne ne s’en souciait, beaucoup de mutuelles remboursaient les frais réels, pas de contrôle sécu, tolérance sur les dépassements, on trouvait facilement des assistantes, une annonce rameutait plein de candidates mignonnes, jeunes, motivées, bosseuses, je ne savais même pas que les prudhommes ça existait, je l’ai ignoré pendant 20 ans, (aujourd'hui je suis devenu grâce à 3 procédures et une flopée d’avocats et juristes en tous genres un spécialiste du droit du travail). Dans les années 80, il n’y avait pas d’ordi, que des dossiers papier, livres de recettes papier, agenda papier, pas d’imprimante, une endo c’était condensation latérale ou axiale, avec de la pate et de la gutta , rien n’était mécanisé à part le lentulo et le giromatic, pas de RVG, pas de localisateur d’apex, pas de pano, pas de cône beam, pas d’absentéisme, on avait un petit loyer qui augmentait lentement, l’Urssaf était insignifiant, les cotisations retraite également. Ensuite il y a eu Chirac et la dette de la France a gonflé, alors forcement les impôts ont augmenté, les coti retraites et l’Urssaf sont devenues consistantes, l’ordi est arrivé, les imprimantes (ma première imprimante laser Apple me couta en 90 : + de 7000€), les informaticiens (qui nous changeaient les tours au premier bug) débarquèrent et s’installèrent à notre bureau de façon conquérante,  les aides aux chômeurs ont fait disparaitre les assistantes dentaires de qualité, très vite on eut les filles dont personne ne voulait, des filles en perpétuel échec scolaire puis professionnel. Puis Sarko et Bachelot sont arrivés, la télétransmission m’a bouffé encore plus de temps, ce qui m’obligea à venir le dimanche au cab pour compléter le travail que je n’avais pas le temps de faire pendant la semaine, mes coti Urssaf et CARCD ont explosé de façon nucléaire, notre pouvoir d’achat s’est effondré, – quand j’ai commencé un m² dans ma ville valait une couronne + soins, aujourd'hui il m’en faut 4 à 5 – Puis il y a eu Hollande, Macron et Touraine qui ont juré de tuer les professions libérales, droite-gauche même combat, ce n’est pas une question de politique, c’est un choix de société, un défaut de croissance, un nivellement par le bas, une dette qui explose, un déclin avancé, il faut prendre l’argent dont on a besoin pour payer le fonctionnement de l’Etat là où on peut encore le prendre. Il y aura bientôt le tiers payant avec ses 500 mutuelles qui voudront à tout prix contrôler les prix, les écraser, nous écraser comme ils ont déjà écrasé les opticiens, les contrats responsables qui feront fuir le patient, les mutuelles avec leur chirurgien-dentiste kapo qui nous menaceront jusque dans nos cabinets via les patients vindicatifs de plus en plus agressifs et chronophages, l’impôt sur le revenu a explosé, les loyers ont explosé, les charges ont explosé, les coti retraite ont explosé jusqu’à nous faire craindre qu’on aurait cotisé pour rien vu que tout va faire faillite, les plaintes aux prudhommes ont explosé, il n’y a plus d’assistante dentaire, on nous dit que les instruments canalaires doivent être jetables (15€ l’instrument) mais que le prix dérisoire et humiliant de l’endo est et sera toujours opposable et pas de revalorisation avant longtemps et on multiplie les contrôles qualités pour voir si on est bien à l’apex.
Et pourtant, pourtant, je n’aime que toi, mon métier adoré.
N’empêche, ça devient vraiment très compliqué, si compliqué que parfois - mais je me ravise aussitôt - je regrette d’avoir encouragé mes enfants à faire ce métier. Ah l’exception française ! C’est juste en France que ça devient vraiment compliqué. A Montréal Lova me dit que ce n’est pas comme ça, qu’un dentiste gagne très bien sa vie simplement, sans se concentrer sur ce qui est rentable, sans écarter ou bâcler ce qui ne l’est pas, juste en faisant ce qui l’intéresse. À Montréal, l’extraction, le détartrage ou l’endo ont des tarifs réalistes. « On peut très bien gagner sa vie en ne faisant que des composites ». En France un tel praticien n’existe tout simplement pas.  
L’exception française c’est aussi qu’à New York les plus passionnés par leur métier ce sont toujours les français, mais des français qui n’en peuvent plus, qui rêvent parfois de partir ailleurs. Lova fait partie de ceux qui sont passés à l’acte.
Pour terminer sur une note positive. Le métier a fait des progrès incroyables. On va bientot acheter un LASER, peut-être aussi un système CFAO pour faire nous-mêmes nos prothèses, nos guides chirurgicaux, nos gouttières. Les collages c’est formidable. Grace aux E-Max aujourd'hui je peux faire un sourire fabuleux à n’importe quelle femme, comme sur les diapos des plus grands. C’est très gratifiant pour le dentiste. La vie est très agréable au cabinet quand la paix règne et que les praticiens sont tous sur la même longueur d’onde. Ce qui est le cas chez nous, Di.eu merci.
Rendez-vous au mois de mai. Je ne sais pas encore si j’irai. Sûrement sûrement… Raphi m’a écrit que « normalement » on ne sera pas avec les spanish.
En tous cas ce blog m’a épuisé.

 

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Quelques nouveaux ou nouvelles dont j’ai pu tirer le portrait.
Les sœurs Bitan Litza et Sandy : très kiffantes, mais je ne les vois pas revenir en mai.

Un Algéro-américaine qui vit à New York et travaille à Alger quelques mois par mois ; à mon avis un agent de la CIA.
Le groupe francophone (France-Belgique-Sénégal-Algérie-Maroc-Tunisie) ;

 Il en manque, je fais ce que je peux, c’est un boulot épuisant. Surtout de les réunir.

Le groupe espagnol

Le group leader epagnol Jaime en bas à gauche toujours tiré à 4 épingles. On se demande bien pourquoi. Chicas muy guapas. Ah ma jeunesse espagnole...

 

 

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Merci à mes deux « petits ».
J’ai réussi à les rendre addict à New York.
Pas évident au départ.
Il y en a plein qui n’aiment pas, le gigantisme, le bruit, la fureur, les vibrations, le cosmopolitisme, le dollar-roi, c’est pas trop leur came.
Ruben et Chanel à New York sont électrisés par l’énergie et la lumière de Manhattan, le calme et la douceur de Brooklyn. Ils sont comme amphétaminés par Big Apple.
Comme moi.


Bonne année 2016